Bugaled. L'avocat qui tient un témoin-clé

24 juin 2011 

  • Agrandir le texteMe Tricaud est l'avocat de Thierry Le Métayer, le fils d'une des victimes du Bugaled-Breizh. Ce dernier a dans son viseur le sous-marin anglais Turbulent et Andy Coles, son commandant. L'avocat, lui, a dans sa mallette «des indices graves» et un témoin-clé «qui a reçu les confidencesdu commandant du sous-marin».

L'armateur et son avocat visent les radeaux rouges de la Navy
> Des doutes sur l'expertise

 

Me Tricaud, la partie civile que vous représentez, Thierry Le Métayer, nous a indiqué que vous disposiez des preuves mettant en cause le sous-marin anglais Turbulent et son commandant Andy Coles dans le naufrage du Bugaled-Breiz. Que pouvez-vous en dire?
Je considère que je dois réserver la primeur de mes déclarations sur l'identité du sous-marin et de son commandant aux juges. Je dis cependant qu'on a des indices graves et concordants suffisants pour demander une mise en examen. Ceci ne préjuge pas d'une condamnation pour le commandant du sous-marin que nous visons et notre démarche préserve, bien sûr, la présomption d'innocence de cette personne.

Les éléments dont vous disposez sont-ils de nouveaux éléments que vous porterez au dossier?
Oui, nous avons de nouveaux éléments. Nous sommes capables de prouver aujourd'hui que le sous-marin en question était en mer, sur le lieu des faits, le jour du naufrage du Bugaled-Breizh.

Quand comptez-vous présenter ces preuves dont vous dites disposer aux juges d'instruction nantais?
Je viens d'envoyer une note aujourd'hui (NDLR: hier) pour auditionner la partie civile que je représente (NDLR: Thierry Le Métayer). Les juges la recevront dans les meilleurs délais. Sinon, j'effectuerai une demande d'acte qui se fait auprès du juge d'instruction qui doit y répondre dans un délai d'un mois ou deux.

Les informations dont vous disposez viendraient des confessions d'un témoin qui aurait obtenu des aveux du commandant que vous visez. Que pouvez-vous nous dire sur ce témoin? Quelle est la nature de son témoignage?
La personne que je présente n'a pas été témoin du naufrage. C'est quelqu'un qui a reçu des confidences du commandant du sous-marin concerné. Je ne suis pas en mesure d'affirmer que le commandant du submersible acceptera de le répéter à la Justice. Néanmoins, on a le sentiment que ce commandant craque et que le poids du secret est trop lourd pour lui.

Une source proche du dossier évoque une fuite de la Marine nationale française. Votre témoin est-il un membre de la Marine française?
La réponse est non.

Votre témoin répéterait-il aux juges ce qu'il vous a confié, selon vous?
Ma partie civile (NDLR: Thierry Le Métayer) a déjà échangé avec lui. Nous pensons qu'il le fera aussi devant les juges car c'est un homme de mer et, en tant que tel, il y a des secrets qu'on n'emporte pas dans la tombe.

Votre démarche vise à mettre le commandant du sous-marin en examen. Cette procédure est-elle compliquée?
La mise en examen de la personne ne pose aucune difficulté. Je vais demander aux juges de le convoquer. Il n'y a pas plus d'immunité pour les commandants de sous-marins que pour un directeur du FMI. Question délai, on ne nous a pas habitués à la vitesse dans ce dossier. La Justice avance d'un pas majestueux mais lent mais la mobilisation des parties civiles n'a pas varié d'un iota depuis janvier2004. Et nous ne lâcherons rien tant que le deuil des familles ne sera pas possible.

Vous souhaitez aussi que MichèleAlliot-Marie, ministre de la Défense au moment du drame, soit réentendue. La cour d'appel de Rennes avait rejeté l'an passé cette possibilité. Y a-t-il d'autres recours pour la faire témoigner?
Ça s'impose de plus en plus. Il y a des éléments nouveaux dans le dossier que nous allons produire. Et oui, les juges peuvent avancer sur ce point. Et je pense qu'ils nous suivront. Il suffit d'entrer dans le bureau du juge Coulon, à Nantes, pour s'en convaincre: la première chose que vous voyez en entrant, c'est la bouée de sauvetage du Bugaled. Ce magistrat n'a visiblement pas l'intention d'abandonner l'enquête.

Avec vos nouveaux éléments et votre témoin-clé, pensez-vous tenir le sous-marin responsable du drame?
Je pense qu'on est dans la dernière ligne droite.

  • Propos recueillis par Pascal Bodéré

Vers 13h30 le 15 janvier 2004, le Bugaled-Breizh, un chalutier de Loctudy de 24m, coule par 90m de fond au large des côtes anglaises (au sud du Cap Lizard. Le bilan est lourd: trois morts et deux disparus...

 

Source : LE TELEGRAMME

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Tag(s) : #actualités
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