carte des sonsSi vous avez loupé ce film en salles lors de sa sortie en début d'année, voici une belle occasion de vous rattraper avec ce DVD augmenté de bonus intéressants.

L'accueil en demi-teinte des critiques est une fois de plus consternant. Certes en voyant le film, l'on peut se dire que la réalisatrice a un léger faible pour Wong Kar-Wai. Et alors ? Effectivement quelques plans, superbes, pourraient faire penser au génial réalisateur de "In the mood for love". Et alors ?

 

Le plus important est que ce film dégage une ambiance particulière à laquelle on  ne peut que succomber rapidement dès les premières images. Une sorte de magie, un peu mélancolique, un peu mystérieuse, magie qui arrive à déjouer tous les clichés attendus.

D'abord parce que le trio majeur du film permet de dépasser un scénario qui aurait pu tomber dans la facilité du "déjà vu". Un suicide, une vengeance familiale, un homme en perdition, etc...

Le duo d'acteurs est magnifique. D'un côté, le toujours émouvant Sergi Lopez, qui effectue une belle carrière depuis son émancipation des films de Manuel Poirier (bien en perte de vitesse d'ailleurs). La justesse de son jeu, en retrait, donne une ampleur à son rôle, comme souvent. Face à lui, Rinko Kikuchi, remarquée dans l'excellent "Babel" qui confirme ici son talent.

Enfin troisième personnage du trio, la ville, Tokyo, mégalopole souvent vue au cinéma. Une des villes les plus filmées, après New York, Paris et Venise. La réalisatrice réussit là une bonne partie de son film. La photographie étant à la hauteur du propos, parfois très graphique, et toujours esthétique.

Le sujet aurait pu être mortifère. Un entrepreneur d'une transnationale apprend le suicide de sa fille et tient pour responsable le compagnon de celle-ci, David, négociant en vins dans la capitale japonaise. Il décide d'engager un tueur à gages, qui s'avère être une femme, Ryu.

Pourtant ce film n'est pas vraiment un film noir, enfin pas uniquement.

C'est surtout un film inspiré, sur deux solitudes qui se rencontrent dans un moment bien particulier. La solitude de l'homme qui vient de perdre sa compagne tragiquement, et la solitude de cette jeune femme, qui découpe du poisson dans un marché et se transforme en tueuse la nuit.

La réussite du film d'Isabel Coixet est qu'avec des thèmes noirs maintes fois exploités sur nos écrans depuis des années, la vengeance, le contrat, la solitude, la mort passée de l'un et la mort future de l'autre, l'histoire arrive à nous surprendre, et surtout à nous envoûter. Sans doute est-ce le talent !

La bande-son particulièrement variée y est pour beaucoup, de la voix off en passant par le choix des musiques (de la variété japonaise à Antony and the Johnsons) et bien entendu la précision des multiples sons de la ville.

Cela ne peut que donner l'envie de voir les autres films d'Isabel Coixet.

 

 

Dan29000

 

CARTE DES SONS DE TOKYO

Isabel Coixet

Bodega films

VOSTF

Bonus : journal de bord, scènes coupées, ba (37')

2011 / film : 102' / 19,99 euros

Sortie DVD le 15 juin

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Pour voir le site de BODEGA FILMS, c'est ICI

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CARTE DES SONS DE TOKYO : BANDE-ANNONCE VOST par baryla

 

 

fiche artistique


Ryu : Rinko Kikuchi
David : Sergi Lopez
Narrateur : Min Tanaka
Yoshi : Manabu Oshio
Nagara : Takeo Nakahara
Ishida : Hideo Sakaki

fiche technique


Réalisation : Isabel Coixet
Production : MediaPro (Espagne)
Scénario : Isabel Coixet
Montage : Irene Blecua
Photographie : Jean-Claude Larrieu (A.F.C.)


2009 - Espagne
109 min - 1.85 - VOSTF
www.cartedessonsdetokyo-lefilm.com

 

Grand prix du jury : Festival cinehorizontes 2010

Sélection officielle Festival de Cannes

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PROPOS DE LA REALISATRICE

 

"Les films, comme les mélodies ou les poèmes, naissent de rencontres étranges, d’associations souvent incongrues mais toujours magiques. Dans le cas de Carte des sons de Tokyo, l’histoire m’est apparue (je ne voudrais pas avoir l’air d’une illuminée mais je trouve que c’est le mot qui convient) à la Halle à Marée de Tsukiji à Tokyo. Je pense que l’odeur du thon frais, des algues et des huîtres, les cris des vendeurs, le fracas du va-et-vient des milliers de caisses et la lumière particulière des lampes fluorescentes à quatre heures du matin ont beaucoup joué. Ou peut-être le petit-déjeuner: une soupe miso et des makis à l’anguille. Ou le visage pierreux d’une jeune fille qui manipulait adroitement un tuyau d’arrosage et qui refusa énergiquement, avec une détermination peu habituelle au Japon, que je la prenne en photo.

Mais je me souviens que, dans le métro bondé, alors que je somnolais de retour à l’hôtel après m’être levée à trois heures du matin pour voir la vente de poissons à la criée, je n’arrêtais pas de penser à cette fille et à la raison de son refus. Je pensais à ses bottes de pluie barbotant dans la glace à moitié fondue et le sang des thons à peine découpés. J’ai fermé les yeux et j’ai entendu la voix presque enfantine qui annonçait le prochain arrêt à la station de Shinjuku puis, j’ai su que j’allais raconter l’histoire d’une femme ayant une double vie: une femme dure, solitaire, mystérieuse, blessée, qui travaille à la Halle à Marée, nettoyant et transportant des caisses et qui, occasionnellement, est engagée comme tueuse à gages. Et l’histoire d’un homme, obsédé par les sons, qui aime cette femme en silence et qui sait que la seule chose qu’il va obtenir d’elle est le bruit de sa respiration, celui de ses talons dans une ruelle solitaire et ses conversations et rencontres avec un homme d’origine espagnole par qui elle est attirée et qui va remettre en question la vie solitaire qu’elle a menée jusqu’à présent."
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CRITIQUE /

Critikat.com

  3

Marion Pasquier


"Carte des sons de Tokyo" évite les clichés en effleurant plusieurs régimes de récit, en laissant le spectateur interpréter les comportements mystérieux des deux acteurs principaux (...). Il opère par glissements, du récit d'aventures humaines à l'émergence d'une représentation sensorielle de Tokyo, et fait cohabiter harmonieusement ces deux dimensions."

Tag(s) : #écrans
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