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  Autant l'avouer, Danactu-résistance et les biographies, cela fait deux... Mais quand plusieurs motifs d'en parler s'additionnent, nous cédons volontiers à l'air du temps. Souvent les biographies sont en réalité des hagiographies assez consternantes, surtout les biographies de chanteurs ou de cinéastes. Certes cela dépend de l'artiste en question, mais surtout de l'auteur et de l'éditeur. Les éditions Don Quichotte s'étaient déjà faites remarquées il y a deux ans avec un excellent bouquin intitulé "La face B" cosigné par Akhenaton et Eric Mandel. Cela fait déjà une bonne raison.

La seconde étant que nous aimons depuis toujours Manu Chao. Enfin, nous suivons depuis pas mal de temps la carrière de Véronique Mortaigne, de France Musique à France Culture, en passant par Le Monde. Sans doute sa vie au Brésil durant quelques années et sa grande connaissance des musiques du continent sud-américain la prédisposait à ne pas aligner les nombreux clichés souvent entendus sur Manu Chao.

 

  A l'image d'un album de Manu Chao, ce livre-portrait est un beau voyage, voyage musical, humain et politique. Une sorte de condensé de tout ce que nous défendons avec notre site depuis bientôt quatre ans. Résister c'est créer, créer c'est résister, que cela soit en musique, littérature ou cinéma. Tout cela étant métissé, pluriel, alternatif et se transformant sans cesse. Manu, petit parisien aux racines basques et galiciennes choisit très tôt son camp, celui du foot, de la musique, et des ouvriers portugais ou arméniens de sa banlieue. Tous ces mélanges donnèrent un groupe de rock alternatif qui marqua la scène hexagonale, La Mano Negra, à la fin des eighties. Ce fut une décennie plus tard que le voyageur-chanteur sortit son premier album en solo, Clandestino, obtenant aussitôt un imposant succès.


  Album-phare à l'image de ce chanteur-auteur-compositeur et musicien, mélange subtil de rock, reggae, rumbas et musique latine traditionnelle. Dès lors le succès devint assez vite planétaire avec plus de trois millions d'albums vendus. Accompagné de son groupe Radio Bemba, ce nomade musical va parcourir le monde des concerts, mais aussi celui de la politique altermondialiste, de Porto Alegre à Belfast, du contre-sommet de Gênes au Chiapas de Marcos, en passant par le Mali où il travaille avec Amadou et Mariam. Sans oublier sa participation à La Colifata, radio animée par les patients d'un hôpital psychiatrique à Buenos Aires. Il les fera d'ailleurs venir sur scène avec lui lors d'un grand concert en 2011 pour fêter les vingt ans de cette radio sans équivalent.

 

  L'homme est toujours en mouvement, très engagé, mais jamais encarté, il sait choisir ses formes de résistance, de la libre circulation des personnes à la légalisation de la marijuana. Il se définit lui-même comme juste un musicien, ni porte-parole, ni symbole, refusant, comme Dylan, un éventuel rôle de leader.

 

  En conclusion, l'homme est à l'image de sa musique, et ce livre est à l'image de ce musicien voyageur... Humain, engagé, chatoyant, dynamisant, un grand bol d'oxygène dont la lecture euphorise au milieu de la grisaille ambiante.

 


 

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Manu Chao, un nomade contemporain

Véronique Mortaigne

Don Quichotte éditions

2012 / 400 p / 19,90 euros

 

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Tag(s) : #lectures
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