Les éditions Liana Levi nous proposent le deuxième roman d'une jeune romancière née à Brooklyn, Ivy Pochoda, ancienne joueuse de squash, se consacrant maintenant à la littérature : Route 62.
Étrange et fascinante histoire qui débute par un petit matin au milieu des embouteillages monstres de Los Angeles. Deux hommes. L'un est nu et court au milieu des bagnoles sur l'autoroute. L'autre est coincé dans sa voiture à l'arrêt, et pas mal coincé aussi dans sa vie médiocre d'avocat de la middle-class. Déjà une situation originale qui commence par interpeller le lecteur. Lequel va bientôt être happé par ce roman, quand l'homme à la voiture, Tony, va en sortir et se lancer à la poursuite de cet inconnu en tendu d'Adam... Une envie obsédante, le retrouver. Mais nous sommes aux États-Unis, alors les médias entrent dans la danse et la police surgit, embarquant Tony dont la vie vient de basculer. Tout ceci n'étant que les premières pages de ce magnifique roman choral qui va embarquer le lecteur dans la partie sombre de L.A., déjà bien évoquée dans les romans de James Ellroy : Downtown. Au fil des pages, de nombreux personnages en rupture vont apparaître, comme Ren un jeune graffeur black sortant de prison, cherchant sa mère devenue SDF, ou Patrick un curieux herboriste devenu gourou, vivant avec sa femme dans un ranch en plein désert.
On comprend assez vite que nous sommes loin du L.A capitale du cinéma, du L.A. des écrivains et des stars, loin du paradis des plages à cocotiers,mais dans son envers terrible peuplé de laissés pour compte, de petits dealers et de sans-abris, d'allumés divaguant dans des quartiers de relégation comme Skid Row. La chaleur est palpable, comme la misère, avec une belle dose d'empathie pour tous ces « beautiful loosers » comme l'écrivait Leonard Cohen. Au milieu des richesses et du soleil, non loin des plages et des vastes villas protégées, des vies dérivent et partent à vau-l'eau. Cinq personnages se débattent dans ces zones naufragées du rêve américain désormais atomisé. Du désert des Mojaves, non loin de L.A. aux impasses délaissées de la capitale de la West Coast, de 2006 à 2010, des hommes et des femmes tentent de se trouver, le long de la route 62, certes moins connue que la route 66. Elle relie les frontières canadienne et mexicaine. Déjà salué par la presse américaine en 2017, Route 62 commence à l'être aussi par les médias français, à juste titre. Un des romans marquants de la rentrée littéraire de cet automne. Ivy Pochoda, après son premier roman, L'autre côté des docks, devient un des noms à retenir de cette grande et forte littérature nord-américaine que nous aimons tant.
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Route 62
Ivy Pochoda
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Adélaïde Pralon
Collection Littérature étrangère
Éditions Liana Levi
2018 / 352 / 22 euros
PRESSE /
«Tout est diabolique dans cette œuvre, rien n’est artificiel.» Page des libraires
«La liberté après laquelle on court a parfois des effets meurtriers.» Sud Ouest Dimanche
«Une voix forte, différente, passionnante. À lire en écoutant les Doors. Forcément.» L’Alsace
«Destiné à devenir un classique.» Michael Connelly
«Un roman kaléidoscopique et vertigineux.» Los Angeles Times