Voici dans le texte, le No 125, DECEMBRE 2013, du petit journal mobile recto-verso A4 "RESISTONS ENSEMBLE" du réseau contre les violences policières et sécuritaires.
Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement, si le journal vous plaît. Vous êtes invitEes à participer à son élaboration, à sa rédaction, à se joindre à l'équipe de rédaction. Nous attendons vos contributions, propositions, critiques ...

à bientôt.
L'équipe de réaction

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http://resistons.lautre.net/spip.php?article532



sommaire
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> [ R I P O S T E S dans les quartiers populaires ]

> [ C H R O N I Q U E D E L ’ A R B I T R A I R E ]
    « La répression est l'unique langue pénitentiaire »
    Répression des lycéens en lutte pour la régularisation des sans-papiers
    À Trappes « tous les hommes sont égaux…
    À Marseille la police reste toujours intouchable ?
    Les Rroms ripostent
    Sonja Suder est libre !
    Marche pour l'égalité et contre le racisme

> [ S A N S P A P I E R S N I F R O N T I È R E S ]
    Sécurité business
    « Feu aux centres de rétention ! »

> [ A G I R ]
    Guide à l'usage des proches de personnes incarcérées
http://paris-luttes.info/
    CADECOL Caisse d’auto-défense collective
    Témoins – Caisse de solidarité

RESISTONS ENSEMBLE / bulletin numéro 125/ Decembre 2013


« Crimes policiers, crimes racistes, 30 après rien n’a changé »

Le 3 décembre 1983 une manifestation de 100000 personnes arrivait à
Paris sous la banderole de la « Marche pour l’égalité et contre le
racisme ». Au départ de Lyon, ils n’étaient que quelques dizaines. Il a
y 30 ans, le pouvoir, les médias ont débaptisé la marche en « marche des beurs », Mitterrand a reçu les marcheurs, puis, entre magouilles,
compromissions, découragement, le premier objectif de la marche, à
savoir lutter contre les crimes racistes notamment policiers, a été enterré.
Le samedi 30 novembre dernier, ils étaient quelques milliers entre
République et Bastille. Appelés par la gôche et ses alliés pour dénoncer l’extrême droite, les attaques odieuses contre la ministre Taubira. Les petites mains jaunes de SOS/PS s’agitaient de nouveau… ils visaient àenterrer une deuxième fois la Marche.
Sauf que de vrais héritiers de la marche ont gâché la fête en
apparaissant derrière la banderole « Crimes policiers =crimes racistes,
urgence, la police assassine », regroupés autour des quelques familles
dont les membres sont morts entre les mains de la police. Ils ont pris
la tête de la manifestation. Le service d’ordre hystérique n’a pas
réussi à les déloger. Leur mot d’ordre : « Crimes policiers, crimes
racistes, 30 après rien n’a changé ! » a trouvé un soutien grandissant
parmi les manifestants. Partis à peine plus d’une dizaine, leur cortège
a, peu à peu, pris de l’ampleur. La presse à l’ordre écrivait offusquée
: « L'arrivée de la manifestation à Bastille a été perturbée par une
poignée de militants antipolice, qui ont pris place sur l'estrade
réservée aux organisateurs. »
Que le bras répressif du pouvoir soit dirigé par un Valls qui peut se
lancer en toute impunité dans des discours racistes, notamment contre
les Rroms, et que police et justice agissent de concert contre tout ce
qui n’est pas blanc et/ou pauvre, habitant des quartiers populaires, que
l’islamophobie policière et judiciaire officielle gagne du terrain… tout
ça n’est pas un problème pour ces gens-là. On ne va pas cracher dans sa propre soupe, n’est-ce pas ?
Tout ça serait simplement dégoûtant, anecdotique si ce gouvernement
raciste, et ceux qui sont solidaires avec lui, n’ouvraient pas un
boulevard à l’extrême droite, y compris à ses éléments ouvertement
néo-nazis. Ces derniers gardent en tête la phrase de Le Pen, le père : «les Français préfèrent l’original à la photocopie ». Ils disent aux
gens, « voyez qu’on a raison, même la gôche désigne le même ennemi que nous : le Rrom, le basané, l’étranger, le squatter, le SDF, le
sans-papier… sauf qu’eux ils bavardent, nous on va agir, on va finir le
boulot ». Les élections qui approchent risquent de les renforcer
conséquemment. N’oublions pas qu’Hitler a accédé au pouvoir par les
élections. C’était en 1933, il y a 80 ans.



> [ R I P O S T E S dans les quartiers populaires ]

Dans la nuit du 14 novembre, le préfet de Haute-Savoie qui accompagne
deux flics de la BAC de nuit dans le quartier de Collonges à Thonon est
aspergé de lacrymo. Quand la patrouille de luxe a voulu embarquer un
jeune de 19 ans, celui-ci s'est mis à crier et a alerté une trentaine de
ses amis qui s'en sont pris aux flics en les malmenant et les gazant.
Deux personnes ont été interpellées pour outrage, provocation à la
rébellion et rébellion en réunion. De nombreux renforts de CRS et de
gendarmes ont quadrillé le quartier plusieurs soirs de suite.
Soirée du mercredi 27 novembre, quartier Viard à Sainte Rose en
Guadeloupe, une patrouille de flics intervient par deux fois suite à un
appel signalant des coups de feu : la première fois, elle est caillassée
dès son arrivée, la seconde, les gendarmes sont la cible d'« au moins un
coup de feu » tiré par une arme de chasse. Bilan : deux gendarmes sont
atteints aux jambes, un autre au bas du dos, le quartier est investi par
60 flics et survolé par un hélico.



> [ C H R O N I Q U E D E L ’ A R B I T R A I R E ]

« La répression est l'unique langue pénitentiaire »
Le 26 octobre, trois personnes se rendent à la prison de Lyon-Corbas
pour visiter un ami. Par solidarité, elles portent des t-shirts sur
lesquels un texte est inscrit : « Lyon Corbas : pas d’activités, […] pas
de conversation avec les responsables, la répression est l’unique langue
pénitentiaire. […] 28 morts à Lyon Corbas!!! Chacun sa responsabilité
[…] Alain Pompigne tortionnaire ». Les trois visiteurs ont été jugés
pour outrage à personne dépositaire de l’autorité publique (Pompigne
étant le directeur de la prison) le lundi 25 novembre et relaxés le
lendemain.


Répression des lycéens en lutte pour la régularisation des sans-papiers
Vendredi 15 novembre des lycéens de Monges et de Michelet (périphérie de
Nantes) bloquent et défilent. Des flics anti-émeutes arrêtent
immédiatement plusieurs d'entre eux. Au lycée Livet, le portail est
verrouillé et encadré par des flics. Même scénario partout ailleurs.
Retour vers l'hypercentre non sans avoir mis des barrières de chantier
sur la ligne de tram, approuvés bruyamment par certains habitants. C'est
le début d'une chasse à l'homme : au moins 12 personnes interpellées, un
lycéen et un étudiant poursuivis en justice.
En région parisienne, même férocité dans la répression : un lycéen de
Colbert (Paris 10ème), un autre de Blanqui (Saint-Ouen 93) ont été
tabassé et le premier a été mis en GAV. À Colombes, en seulement deux
jours douze lycéens du lycée Maupassant ont été arrêtés. Trois au moins
avec mise en examen. Beaucoup ont été insultés (« bâtards de cité », «
petite merde », « salope », « tu termineras clochard comme tous les
arabes de France »…), brutalisés (clés de jambe, menottage à terre,
coups de pieds, de tête, de poing). Chez deux d’entre eux qui habitent
quartier des Quatre Chemins, la porte du domicile a été défoncée par des
policiers cagoulés et munis de boucliers. La mère du premier a été
collée contre le mur avec une clé de bras l’ensemble de l’appartement a
été perquisitionné et complètement retourné. Chez le deuxième, les flics
ont également menotté et frappé ses frères .

À Trappes « tous les hommes sont égaux…
… mais il y en a qui sont plus égaux que d’autres ». Vous vous souvenez
du contrôle violent d’une femme en niquab en juillet. Son mari qui a osé
repousser un policier parce qu'il « a saisi [sa] femme par le voile » a
été condamné le 8 novembre à 3 mois de prison avec sursis. Un jeune
homme accusé d’avoir participé aux trois jours de révolte qui ont suivi
a eu droit, lui, à 8 mois de ferme. Surprise (?), un des policiers à
l'origine du contrôle et accusateur a publié sur sa page facebook des
propos et images racistes et islamophobes. Le procureur a été quand même
obligé de le mettre en cause pour « incitation à la haine et à la
discrimination raciale ». La moindre de chose serait alors d’annuler les
condamnations dont l’origine est un flic raciste.

À Marseille la police reste toujours intouchable ?
C’était l’année dernière. La BAC des quartiers nord avait été dissoute,
on nous promet que les baqueux ripoux vont trinquer. Tu parles. Au
mépris des preuves accablantes tous ont été réintégrés, aucune sanction
à ce jour. Et cette pauvre policière de la BAC. On a tous pleuré, une
pauvre femme, tabassée dans le quartier de La Visite en 8 novembre. Mais
manque de pot, plusieurs témoins affirment qu’elle s’est fait mal toute
seule en faisant du rodéo avec une moto qu’elle était chargée de garder.
La « victime » nie, bien sûr. Là, le parquet était obligé, quand même,
de déclencher une enquête, mais comme le dit un jeune du quartier : «
Entre un policier assermenté et un jeune basané, on va croire qui à
votre avis ? »

Les Rroms ripostent
Lyon, à l'image du reste de la France. Valls y affiche la couleur, « les
Rroms ont vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie ». Face à
cette logique raciste, 90 Rroms avec le soutien du MRAP ont décidé de
confronter le gouvernement à son hypocrisie et d'assigner le préfet au
tribunal administratif réclamant l'application de la circulaire du 26
août 2012. Diagnostic personnalisé, scolarisation, solution de logement…
Souvenez-vous c'est cette circulaire qui était censée différencier la
politique de Valls de celle de Sarkozy, l'alibi humaniste à cette
persécution. Pétition en ligne pour exiger leur relogement :
https://secure.avaaz.org/fr/petition/Prefet_du_Rhone_et_Maire_de_Lyon_Relogement_des_enfants_et_familles_Rom_expulsees//?launch
À Lille, situation similaire, les Rroms multi-expulsés, réfugiés à la
Bourse du travail, sont descendus dans la rue début novembre au côté des
salariés de la Redoute, créant le lien entre ces situations de
précarité. Un exemple de convergence à multiplier. Infos
http://solidariteromsfives.wordpress.com/

Sonja Suder est libre !
Plus de 35 ans après les faits qui lui étaient reprochés, Sonja, qui a
toujours gardé le silence, était poursuivie sur la base d'un témoignage
arraché sous la torture et de déclarations marchandées d'un repenti.
Durant ces 26 mois d'emprisonnement, de nombreuses initiatives en
solidarité ont eu lieu un peu partout en Europe. Le 12 novembre Sonja
est sortie libre du tribunal de Francfort. Plus d'infos sur
https://solizorn.wordpress.com - http://linter.over-blog.com -
http://stopextraditions.blogspot.fr

Marche pour l'égalité et contre le racisme
Le samedi 7 décembre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté sur
Paris, au départ de l'église St Bernard déambulant dans les quartiers
populaires du nord parisien. En reprenant les mots d'ordre de la marche
partie de la banlieue lyonnaise 30 ans en arrière les manifestants ont
dénoncé le racisme, les crimes policiers (avec des familles de victimes
de crimes policiers), réclamant la régularisation de tous les
sans-papiers ou encore le droit de vote des étrangers. Le cortège a
ensuite rejoint la manifestation contre le chômage et la précarité à Barbès.



> [ S A N S P A P I E R S N I F R O N T I È R E S ]

Sécurité business
Face au drame qui se joue aux portes de l'Europe, les gouvernements
répondent en promettant de durcir le contrôle aux frontières. Et
l'Europe développe encore son arsenal avec un nouveau système de
surveillance des frontières « Eurosur ». Mis en place pour décembre il
sera supervisé par la police européenne « Frontex » dédiée à cette
sordide chasse aux migrants.
Bien sûr, cette course au sécuritaire est synonyme de gros profits pour
l'industrie de l'armement. Milipol, le salon mondial de la sécurité
intérieure des États, organisé en novembre dernier à Paris en est
l'incarnation. L’occasion de présenter les futures armes de cette guerre
aux harragas, comme ces drones traqueurs, radars mobiles, caméras
thermiques, sondes mesurant le taux de gaz carbonique émis, détecteurs
de battements de cœur…
Alors dans cette logique sécuritaire il faut bien développer une
idéologie qui présente l'immigré comme une menace. Bien sûr cette
construction de l'ennemi a d'autres rôles, provoquer la peur de l'autre,
atomiser, diviser, précariser, créer une main-d’œuvre bon marché… mais
c'est aussi le ressort d'un business bien juteux.

« Feu aux centres de rétention ! »
Le 11 Novembre , au centre de rétention de Békéscsaba (Hongrie) des
demandeurs d'asile protestent, deux chambres du centre sont incendiées,
16 retenus seront arrêtés et accusés de l'incendie. Le 5 décembre, des
retenus du centre de Bari Palese (Italie)mettent le feu pour protester
contre la non-libération d'un retenu qui s'était lourdement tailladé la
veille : un homme aurait été arrêté et un pavillon entier mis hors d'usage.
Mardi 26 novembre se tenait le procès des deux sans papiers tunisiens,
inculpés de l'incendie du centre de rétention du Canet (Marseille)
survenu en mars 2011. Au moment du procès, une centaine de personnes
étaient venues en soutien. Le réquisitoire du procureur surprend tous
les présents, il sonne à certains moments comme un plaidoyer contre les
conditions dans les centres de rétention (citant des rapports officiels
qui épinglent notamment le centre de Marseille) et un discours
légitimant les révoltes de retenus (rappel du contexte de politique
migratoire répressive de L'Europe forteresse, évocation de l'injustice
de la répression visant les sans-papiers, éloge du travail des
associations qui veillent à ce que leurs droits soient respectés…).
Pourtant, le verdict final : chacun a pris un an ferme.



> [ A G I R ]

Guide à l'usage des proches de personnes incarcérées
« Réalisé par des proches de détenus, ce guide donne des pistes
concrètes pour répondre aux problèmes juridiques, sociaux et pratiques
posés par l’incarcération d’une personne proche. » Extrait de la
présentation du guide à lire sur http://permisdevisite.noblogs.org/

http://paris-luttes.info/
Un nouveau site Internet coopératif, « relais, caisse de résonance des
luttes, résistances et conflictualités en cours, dans Paris et ses
banlieues…»

CADECOL Caisse d’auto-défense collective
Paris/Banlieue. Face à la répression cherchant à isoler et à diviser, la
défense collective s'organise. Lire une présentation du collectif sur
http://paris-luttes.info/cadecol-caisse-d-auto-defense. Réunion du
collectif tous les 3ème mercredi du mois à 19h30 au local « le Rémouleur
», 106 rue Victor Hugo 93170 Bagnolet. Contact cadecol@riseup.net
Et puis à lire le guide juridique très complet en cas de répression,
bientôt mis à jour :
http://infokiosques.net/IMG/pdf/facepolicejustice-L_Altiplano.pdf et le
guide juridique abrégé pour manif/action :
https://we.riseup.net/assets/122287/cadecol.pdf

Témoins – Caisse de solidarité
sur Lyon et ses alentours. « Un outil collectif pour faire face ensemble
à la répression des luttes sociales et aux violences policières
quotidiennes ». Ça se passe les 1er et 3e jeudi de chaque mois à 19h à
La Luttine, 91 Rue Montesquieu – Contact 06.43.08.50.32
caissedesolidarite@riseup.net


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ZPAJOL liste sur les mouvements de sans papiers

Tag(s) : #actualités
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