Ernst Friedrich : Krieg dem Kriege ! (Guerre à la guerre !)

 

Objecteur de conscience de la Première guerre mondiale, Ernst Friedrich est l'auteur d'un des livres les plus percutants écrit contre l'idéologie militariste, « Guerre à la guerre », paru en 1924, ainsi que le fondateur du Musée anti-guerre de Berlin. Découverte de ce militant pacifiste et libertaire, avec Bernard Umbrecht, à l'occasion du centenaire du début de la boucherie de Verdun.
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« La guerre » (triptyque, 1929-1932), Otto Dix © DR « La guerre » (triptyque, 1929-1932), Otto Dix © DR

 

Le centenaire, ce 21 février, du début de la boucherie de Verdun, qui symbolise l’absurdité du meurtre de masse industrialisé où s’est nouée la tragédie du 20ème siècle, me fournit l’occasion d’évoquer l’œuvre pacifiste d’Ernst Friedrich, auteur en 1924 de Guerre à la guerre! et fondateur du Musée anti-guerre de Berlin que j’ai visité lors d’un voyage l’an dernier dans la capitale allemande. Berlin Brüsseler-Strasse dans le Wedding, plutôt à l’écart des lieux touristiques, au bas d’un immeuble ordinaire, un lieu singulier.

Le fondateur de ce musée situé au départ à une autre adresse se nomme Ernst Friedrich, un objecteur de conscience de la Première guerre mondiale. Né le 25 février 1894, à Breslau (Wroclaw, Pologne), il entame à 14 ans un apprentissage d’imprimeur qu’il ne mène pas au bout. Il sera ouvrier de fabrique. A 17 ans, il adhère au Parti social-démocrate (SPD) qu’il quitte après que ce denier eut voté en 1914 les crédits de guerre. Attiré très tôt par le théâtre, il brillera dans le rôle de Romeo au Théâtre royal prussien de Potsdam. Au début de la guerre de 14, il reste au théâtre. Appelé sous les drapeaux, il sera réfractaire au service militaire. Les objecteurs de conscience étaient alors considérés soit comme des criminels soit comme des fous. Ernst Friedrich a connu les deux accusations. Faut-être fou pour ne pas aimer la guerre, pensait-on, même les «intellectuels» l’ont aimé. Cela rappelle la scène du congrès de médecins à Berlin, dans Les derniers jours de l’Humanité. Karl Kraus y fait dire à un psychiatre présentant son patient à des gastro-entérologues :

« Messieurs, cet homme souffre de l’idée fixe qu’une  “idéologie criminelle”, comme il appelle le noble idéalisme de nos autorités, accule l’Allemagne à sa ruine, il estime que nous sommes perdus si, à l’apogée de notre course victorieuse, nous ne nous déclarons pas vaincus, et que notre gouvernement, que nos chefs militaires – et non bien sûr les Anglais (Cris : «Oh , oh !») – seraient coupables de la mort de nos enfants (Cris : «Bouh !»). L’affirmation que nos enfants meurent et que notre situation alimentaire serait donc mauvaise prouve tout net à elle seule le trouble mental de cet homme. (Cris : «Très juste !») »

Karl Kraus : Les dernier jours de l’humanité

 

Traduit de l’allemand par Jean-Louis Besson et Henri Christophe. Éditions Agone

 

 

En 1917, «plutôt que d’endosser un uniforme d’assassin», E. Friedrich décide délibérément d’entreprendre un acte de sabotage : «La prison m’était plus sympathique que le champ de bataille». Il pénètre la nuit dans les locaux du journal Schlesische Zeitung et sabote les machines.

 

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https://www.facebook.com/jeanpierre.anselme.7

 

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SOURCE / MEDIAPART

Tag(s) : #actualités
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