C'est l'histoire d'un mec. Un mec blanc vivant à Miami où il gagne sa vie en jouant à la pelote basque, alors qu'il était médecin. Dit ainsi, rien de vraiment excitant. Mais ce roman, La succession, est signé Jean-Paul Dubois, aux éditions de l'Olivier. Et cela change vraiment tout...

 

 

Paul Katrakilis, le narrateur, vit une parenthèse enchantée depuis une poignée d'années en Floride face à un fronton célèbre où s'affrontent les joueurs cubains ou basques immigrés et où les paris sportifs vont bon train. Pourtant un certain poids semble habiter cet ancien médecin. Médecin comme son père, et comme son grand-père médecin de Staline. Le genre de famille pesante. Qui donne envie de la fuir. En Floride par exemple. Quand Paul va recevoir du consulat de France la nouvelle du suicide de son père, écrasé sur le béton après un vol de huit étages, notre homme va devoir revenir en France pour la succession, et vider la grande et vieille demeure familiale. Dans la vie, jouir de la beauté du monde, gagner un peu d'argent avec une activité plaisante, et aimer son chien, n'ont qu'un temps. Notons au passage l'importance des animaux dans cette rentrée littéraire. Lion, marmotte, poissons, ours ou chien. Les animaux ne sont pas que des animaux...

 

Jean-paul Dubois, nous avions été nombreux à le découvrir avec trois romans attachants à la fin des eighties : Tous les matins je me lève, Maria est morte et Les poissons me regardent. Plus tard La vie me fait peur et surtout Kennedy et moi, porté au cinéma, confirmèrent qu'un rendez-vous littéraire avec cet auteur devenait indispensable, pour nous qui aimions tant John Fante ou Jim Harrison, pour nous qui avions l'envie de vivre et souvent du mal à vivre. Parfois la dépression et la solitude sont envahissantes, il faut alors tailler la route comme un Kerouac ou un personnage de Jean-Paul Dubois. Affinités électives. Une belle histoire entre Dubois et ses nombreux lecteurs et pas seulement en fiction. Relire ses deux bouquins sur les USA : L'Amérique m'inquiète et Jusque-là tout allait bien en Amérique. Au-delà de la mélancolie qui se dégage des romans de Jean-Paul Dubois, c'est aussi un certain humour délicat qui traverse presque tous ses romans, avec toujours un certain goût pour l'absurde. Absurdité des situations ou absurdité de la vie. De retour à Toulouse, d'ailleurs ville natale de Dubois, une certaine errance en forme de bilan sur sa vie va imprégner cette maison vide. Un des moments forts de ce roman qui attrape le lecteur, et ne le lâche plus. Changer de vie fait partie de la vie, surmonter la perte d'un proche, comprendre le sens de sa propre vie en évitant les morts violentes familiales. Sans nul doute un des plus beaux romans de Jean-Paul Dubois qui ne se contente pas d'accumuler les prix littéraires, mais entretient surtout une belle et longue relation presque intime avec ses lecteurs. Un de nos coups de cœur d'un automne littéraire pourtant riche.

 

 

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La succession

Jean-Paul Dubois

Éditions de l'Olivier

2016 / 240 p / 19 euros

 

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"Un écrivain rare."

François Busnel, La grande librairie

 

"Pas de doute, il s'agit là d'un grand Dubois."

Alexandre Fillon, Lire

 

"Jamais peut-être Jean-Paul Dubois n'a été si triste. Jamais, sans doute, il n'a été si drôle."

Olivier Mony, Livres hebdo

 

Le site de l'éditeur

 

 

Tag(s) : #lectures
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