J’ai quitté les réseaux sociaux. D’abord parce qu’ils ne m’inspiraient plus confiance, mais aussi parce qu’à mon sens, ils faussent nos relations et nos interactions. J’ai précédemment développé mon point de vue dans plusieurs articles (ici et ici par exemple), alors je ne vais pas m’étendre. Reste qu’il ne suffit pas de critiquer : il faut aussi prendre le taureau par les cornes et proposer une alternative.
Définir nous-mêmes ce qui est social
Ce qui m’ennuie dans le principe des réseaux sociaux, c’est que le comportement s’adapte à l’outil : nous devenons et ressentons ce que des entreprises privées ont décidé pour nous. D’un point de vue moral et éthique, c’est assez peu réjouissant. L’amitié est un concept bien plus complexe que la définition que nous en propose Facebook. Partager est lui aussi un mot très riche de sens, qui ne peut se résumer à « liker » un post (le degré zéro du social, comme si la vie était une check-list) ou à reposter un lien dont on aime le titre (souvent sans avoir lu le contenu de l’article lié).
Il faut nous réapproprier ce vocabulaire colonisé par les entreprises privées du web, et plus largement par l’industrie. Vous avez remarqué comme ce sont les mots les plus simples qui sont les plus convoités par cette dernière ? Pas étonnant puisque ce sont ceux que nous utilisons le plus. Pour modifier une réalité, il suffit de s’approprier le mot qui la désigne.
Tisser le réseau en dur
Un lien dans un tweet ne dure pas : il est vite emporté par le courant de l’information et aussitôt oublié. Pareil pour Facebook, qui fonctionne sur la même logique de flux. Mais ce n’est pas pour autant que ces liens disparaissent : c’est simplement qu’ils ne nous sont plus « accessibles » (même s’ils le sont pour les archéologues amateurs du web). Le réseau ainsi tissé contribue en revanche à enrichir notre « profil » social, un profil largement utilisé à des fins mercantiles par les grandes entreprises du web. À chaque lien posté, votre profil se complexifie : il devient de plus en plus pertinent. En somme, nous postons pour enrichir des sociétés privées.
Alors il convient de se réapproprier le réseau, la toile, au sens premier du terme : c’est à dire de la tisser nous-mêmes. Nous devons être des clefs, mais aussi des portes vers l’ailleurs. Et à ce titre, utiliser une arme redoutable à l’origine même d’internet : le lien. Un bête lien hypertexte. Voilà notre arme secrète pour reconquérir le web.
Bienvenue au XXe siècle
Désormais, dans la colonne de droite de Page42, apparait une liste encore incomplète de sites amis. Ce sont des sites en qui j’ai confiance, des sites d’amis du web, ou encore des sites qui me semblent dignes d’intérêt. C’est ma contribution à la toile, au dessin de la trame générale. Et je vous invite à faire de même chez vous, pour que nous puissions, au fil des visites, découvrir de nouvelles îles du web et les rallier d’un clic… sans passer par des sociétés tierces. Oui, c’est bien ça, une liste de sites amis, comme au XXe siècle. Quelquefois, je crois qu’il est bon de regarder en arrière et de faire un point sur ce que nous avons laissé derrière nous en cours de route en cédant aux sirènes de la facilité.
Quelquefois, nous avons tout simplement eu tort de le faire.
Vous aimez ce que vous trouvez sur Page42 et vous voudriez me donner un coup de main ? Ça tombe bien, Tipeee est là : à partir de 1€/mois, vous pouvez devenir mécène du site et avoir accès à des contreparties exclusives, sans compter la satisfaction de continuer à visiter ce blog en sachant que vous y êtes un peu pour quelque chose. C’est pas chouette, ça ?
Cet article L’urgence de créer un web que nous aimerons à nouveau est apparu en premier sur Page 42.
URL: http://page42.org/