Cuba: exemple de couverture universelle des soins de santé, même en temps de crise
 
Après 50 ans de couverture universelle des soins de santé, la plupart des Cubain(e)s ont accès à des soins de santé de qualité. L’espérance de vie à Cuba est de 78 ans, juste en dessous de la moyenne aux Etats-Unis. Alors que les Etats-Unis sont 8 fois plus riches que Cuba, la mortalité infantile à Cuba (4,7/1000 des naissances en vie) est inférieure à celle des Etats-Unis (5,8/1000 des naissances en vie). Il est remarquable de voir qu'un pays en développement parvient à garantir une bonne santé à ses habitant(e)s.
La condition de base est de fixer le bien-être de la population comme priorité et de créer des conditions de vie favorables à la santé.
Qu’y a-t-il à la base d’une bonne santé?

La progression au niveau des indicateurs de santé doit être attribuée aux bouleversements économiques et sociaux intervenus dans la société suite à la révolution cubaine de 1959. Une amélioration des conditions de vie générales et quelques acquis sociaux majeurs (tels que : une maison pour chaque famille, la garantie de revenus, une meilleure éducation, …) ont été à la base d’une meilleure santé de la population. Dans les premières années qui ont suivi la révolution, une campagne d’alphabétisation a été lancée au cours de laquelle des jeunes citadin(e)s sont allé(e)s dans les campagnes pour apprendre aux gens à lire et à écrire. Grâce à cette campagne, les jeunes ont pris conscience de la réalité et se sont sentis impliqué(e)s comme atout indispensable de la progression du pays. Une réforme agraire a été menée. Les arts, le sport et les sciences ont été promus et une attention particulière s’est vue accordée aux droits des femmes et au bien-être. Différentes organisations sociales (associations de femmes, comités de quartier, syndicats, mouvements de jeunesse, …) ont contribué à la transformation révolutionnaire cubaine. L’exemple cubain confirme l’importance de la participation de la population à la prise de décisions et à la cohésion sociale dans les communautés.

Quelle stratégie Cuba adopte-t-elle en matière de soins de santé?

Jose Luis Fabio, représentant de la Pan-American Health Organization (PAHO) à la Havane, rapportait dans The Lancet (25 janvier 2014) qu’il importait de mettre l’accent sur les soins de santé de base quand on voulait obtenir de bons résultats en matière de santé. Après la révolution de 1959, les cliniques privées et l’industrie pharmaceutique ont été nationalisées et intégrées en un système unique pour l’ensemble du pays confié à l’administration du Ministère de la Santé (MINSAP). Le pays a été divisé en zones de santé, avec une polyclinique par zone et la décentralisation des soins de santé jusqu’au niveau communal. L'orientation des patient(e)s et la communication entre les prestataires aux différents niveaux du système de santé se déroule sans encombre. Le médecin de famille dispose de toutes les informations médicales relatives aux patient(e)s dont il est responsable et peut donc adapter de façon optimale la dispensation des soins aux besoins spécifiques des patient(e)s. Le médecin de famille joue un rôle central dans le système de soins de santé cubain. Un médecin de famille, un(e) infirmier(e) et un travailleur social sont collectivement responsables pour un certain nombre d’habitant(e)s dans un territoire. Leurs tâches se composent pour moitié de consultations et pour moitié de visites à domicile à titre préventif. C’est ainsi qu'ils/elles connaissent les conditions de vie de leurs patient(e)s et qu’ils/elles peuvent donc intervenir sur les risques sociaux et écologiques qui déterminent leur santé. Du fait que les cabinets de généralistes sont responsables d’une zone géographique et grâce à l’entière gratuité des soins, la majorité des habitant(e)s ont accès aux soins de santé. 

La santé de la population est-elle un choix politique?

Les soins de santé à Cuba sont une priorité nationale et sont de la responsabilité de l’Etat. Même en temps de crise, le budget gouvernemental pour les soins de santé a été maintenu à 10% du Produit National Brut (PNB). Les soins de santé sont exclusivement confiés au pouvoir public ; la privatisation est interdite par la loi. C’est l’exact opposé de ce qui se passe dans d’autres parties du monde où les secteurs sous-financés de la santé font passer le message que la privatisation est la seule alternative. Du fait que des soins de santé gratuits et d’une qualité supérieure sont garantis pour toute la population, il n’y a pas de demande pour une médecine privée à Cuba. Tandis qu’au cours des années '90 les autres pays d’Amérique du Sud concoctaient des réformes drastiques et des privatisations dans le secteur des soins de santé, sous la pression du FMI et de la Banque Mondiale, Cuba s’entêtait à maintenir la fonction exclusivement publique du système de soins de santé. Cuba est l’un des rares pays à ne pas être membre du FMI ni de la Banque Mondiale. La Colombie, exemple d’école des réformes des soins de santé imposées par les lois du marché, n’est pas parvenue à concrétiser les promesses d’universalité, diminuer les inégalités, offrir une meilleure efficacité et qualité, alors que Cuba a maintenu un système de soins de santé gratuits, de qualité et à la portée de chacun(e).

Comment se fait-il que Cuba, comme pays en développement, ne souffre pas d’une pénurie de médecins?

Tandis que règne dans de nombreux pays en développement une “crise des travailleurs de la santé”, avec des pénuries croissantes de travailleurs de la santé qui mettent dramatiquement à mal le développement des systèmes de santé, le ratio « médecin-patient » à Cuba , avec 6,7 médecins pour 1000 habitant(e)s, se maintient très au-dessus du minimum fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) – à savoir 2,28 médecins, sages-femmes et infirmier(e)s pour 1000 habitant(e)s. Même dans les coins reculés du pays, les patient(e)s ont accès aux soins de santé de base. Les travailleurs de la santé y jouissent du respect et de la considération, en raison de leur fonction indispensable dans la société. A Cuba, on investit aussi massivement dans l’éducation des travailleurs de la santé. Même en temps de crise économique, la qualité de la formation médicale a continué de s’améliorer et le nombre de facultés de médecine a continué de croître. A La Havane, on offre une formation médicale à des étudiants internationaux au sein de la Haute Ecole Médicale Latino-Américaine. Cuba envoie aussi une aide médicale internationale massive par l’entremise de son “Programme de santé intégré”.

Avec ses excellentes prestations dans le domaine de la santé, Cuba montre qu'une couverture universelle des soins de santé peut être réelle. La condition de base est de fixer le bien-être de la population comme priorité et de créer des conditions de vie favorables à la santé. Les dépenses publiques pour les soins de santé sont restées prioritaires à Cuba même en temps de crise. Les soins de santé y sont encore et toujours confiés au secteur public et sont restés gratuits, avec une attention particulière pour la médecine préventive. La majeure partie de la population a ainsi accès à des soins de santé de qualité.

 
Références:
Remerciements à Katrien Demuynck d’Initiativa Cuba Socialista.
"Health of the people, health of the nation", Council For Health and Development, 2003.
"Cuba, une recette saine”, une édition d’Intal & Initiativa Cuba Socialista, 2006.

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SOURCE / M3M.BE

Tag(s) : #alternatives
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