- 17 oct. 2017
- Par tempo giusto
- Blog : Le blog de tempo giusto
Les gros titres du Guardian depuis hier lundi 16 octobre, m’ont fait revivre l’émotion qui accompagnait la nouvelle de l’assassinat, il y a onze ans presque jour pour jour, de la journaliste russe Anna Politkovskaïa. Le rapprochement est évident. Dans les deux cas, une femme d’un courage inouï, luttant presque seule avec les armes de l’investigation et de l’écriture contre la corruption massive d’un système étatique.
Mais à vrai dire, ce meurtre terroriste m’a surpris davantage encore, ignorant que je suis (que nous sommes presque tous en France, me risquerai-je à dire) du système terrible qui règne à Malte, cette belle île de l’UE auréolée de Chevaliers mythiques. Certes, les « pavillons maltais » et autres exactions dudit paradis fiscal lézardent le kitsch des clichés touristiques. Mais la mort épouvantable de Daphne Caruana Galizia révèle crûment, malgré les larmes de crocodile versées par le Premier ministre « travailliste » Joseph Muscat, un système maltais profondément gangrené, sans cesse dénoncé par la journaliste avec des documents et des arguments irréfutables. La gangrène n’est pas une métaphore facile. Il s’agit d’une corruption installée qui envahit quasiment tous les aspects de la société.
« La situation est désespérée », écrivait Galizia sur son blog, suivi par des centaines de milliers de lecteurs, quelques heures avant sa mort.
Je ne doute pas que Mediapart consacrera très vite un hommage digne de sa vocation à cette grande journaliste d’investigation. Je trouve pour l’heure les répercussions de cet événement bien timides dans la presse française.
Les citoyennes et citoyens de Malte sortent dans la rue par milliers pour manifester et rendre hommage à Galizia. Ce sont elles et eux, en effet, qui sont visés par ce meurtre. Nous.
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SOURCE/ MEDIAPART