Mai 68. L'affiche en héritage, de Michel Wlassikoff

Après 1968.De grands soirs en petits matins, au Seuil, et Changer le monde, changer sa vie, chez Actes Sud, nous poursuivons avec Mai 68, L'affiche en héritage, de Michel Wlassikoff, chez Gallimard Alternatives.

 

 

Mai 68 ne fut pas qu'un moment de contestation des étudiants, pas qu'un moment de grandes grèves ouvrières, ou un moment de remise en cause globale de la société gaulliste figée qui s'ennuyait pour reprendre une expression célèbre. Ce fut aussi un grand moment de créativité, pas celle fossilisée dans les salles des musées, mais celle de la rue. Créativité des slogans, créativité musicale, créativité de la presse alternative, et créativité des affiches dont les rues se recouvraient sans cesse. Dès la mi-mai, deux ateliers d'affiches furent créés, l'un à l’école supérieure des beaux-arts de Paris, l'autre à l'école des Arts décoratifs. Deux lieux occupés et ouverts où se succédaient les assemblées générales où se faisaient la jonction étudiants-travailleurs-artistes. Ici pas de syndicat pour fermer des portes quand les uns rejoignaient les autres. Tous ensemble l'on débattait chaque jour des slogans et donc des affiches à produire et à diffuser dans tout l'hexagone.

 

Michel Wlassikoff est historien, enseignant et commissaire d'expositions, ayant déjà publié plusieurs ouvrages sur le graphisme dont Histoire du graphisme en France, en 2005. Il nous propose ici une nouvelle édition augmentée de son ouvrage publié il y a dix ans, une magnifique sélection chronologique de 200 créations. Au-delà des affiches, cet ouvrage nous offre aussi quelques photographies du fonctionnement de ces ateliers de création. Rares étaient les photographes autorisés par le comité de grève, parmi eux Marc Riboud, et Philippe Vermès. S'ajoutent à cela des photographies rares de ces affiches collées dans les rues. Alors que la télévision et la presse officielle étaient aux ordres du pouvoir gaulliste, le mouvement communiquait de manière démocratique et anonyme par ces affiches où l'on reconnaissait parfois la patte graphique d'artistes au service du peuple. Un des grands faits de cette période fut le besoin de parler et débattre, les collages de rue étaient un moment de cette fièvre de prises de paroles. Tous les grands mouvements subversifs ont un fort aspect créatif. Nous y reviendrons la semaine prochaine avec la chanson (Dominique Grange et Tardi).

 

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Mai 68. L'affiche en héritage

Michel Wlassikoff

Photographies Marc Riboud, Jean-Claude Gautrand, Philippe Vermès

Éditions Gallimard Alternatives

2018 / 176 p / 30 euros

 

Le site de l'éditeur

 

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On lira aussi avec profit la nouvelle édition de Mai 68, jour et nuit, de Christine Fauré, initialement publiée en 1998 dans la collection Découvertes Gallimard. Toute la partie "Témoignages et documents" a été révisée par l'auteure. Et comme d'habitude, dans cette collection au format poche, l'iconographie est somptueuse. Un complément parfait au livre L'affiche en héritage.

 

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Mai 68 Jour et nuit

Christine Fauré

Editions Découvertes Gallimard

2018 / 128 p / 15,90 euros / 150 illustrations

Mai 68. L'affiche en héritage, de Michel Wlassikoff
Tag(s) : #lectures, #arts, #alternatives
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