anti-raciste.jpgLa loi raciste soulève l’indignation en Arizona
 


Pauvre de vous si vous avez un faciès latino ou si vous parlez l’anglais avec un accent que le policier alien, pardon, arizonien, identifie comme « étranger »…

Cet Etat, celui du Grand Canyon, va sans doute y perdre pas mal de touristes latino-américains ou asiatiques, dont l’aspect présente inévitablement des caractéristiques « douteuses ».
La brutalité de la police étasunienne vient de recevoir dans ce territoire un nouveau coup de pouce, avec l’approbation de la loi SB1070, que tout le monde appelle aujourd’hui « loi Arizona », conçue expressément pour que le fait de provenir d’un pays étranger sans être muni des papiers adéquats devienne, légalement parlant, un délit.

La situation a même scandalisé quelques policiers. Ainsi, l’agent de Tucson Martin Esobar a porté plainte contre l’Etat d’Arizona, dont la nouvelle législation, proclamée par la gouverneure Jan Brewer avec un large sourire de satisfaction, instaure la discrimination et le racisme anti-hispano. Escobar ne s’y trompe pas : « Cette loi instaure tout bonnement la discrimination de tout un segment de la population, les Hispanos, quel que soit leur statut migratoire », affirme-t-il. Les policiers sont en effet tenus de prendre des décisions à partir du profil racial du citoyen. La loi oblige en outre les étrangers à toujours porter sur eux leurs documents migratoires. Un autre agent a porté la même plainte devant un tribunal de Phoenix, la capitale de l’Etat.

La loi est censée entrer en vigueur en août. A partir de cette date, les policiers en patrouille dans les rues devront être en mesure de détecter d’un seul coup d’œil lequel des passants entrant dans leur champ de vision n’a pas de statut légal. Ils demanderont inévitablement leurs papiers à un grand nombre de citoyens. La gouverneure estime que les forces de l’ordre doivent s’entraîner d’ici là à l’application de la loi Arizona, mais Escobar est d’ores et déjà persuadé qu’aucune formation ne permettra jamais à personne de différencier le citoyen porteur de papiers de celui qui ne l’est pas, sur la base de ses traits physiques. La loi de Brewer suscite des turbulences jusque dans le corps de police. Selon l’avocat Richard Martinez, la loi réduit les fonds déjà limités des départements en charge de la répression, et les agents se retrouvent dans une situation de vulnérabilité, pouvant être accusés à la fois par des personnes estimant qu’ils n’appliquent pas la loi ou par d’autres qui estiment avoir fait l’objet d’une forme de discrimination.

En Amérique latine et surtout en Amérique centrale et au Mexique, des instances gouvernementales et des ONG ont déjà protesté vigoureusement. L’indignation est à son comble au Mexique, car il est clair que la loi vise en tout premier lieu les citoyens qui passent la frontière en quête de l’emploi qu’ils ne trouvent pas chez eux.

Le Fonds mexicain pour la défense légale et l’éducation (MALDEF), l’Union américaine des libertés civiques (ACLU) et le Centre national des lois sur l’immigration ont annoncé qu’ils préparent un dossier conjoint contre la mise en application de la loi.

La législation raciste a eu des répercussions internationales, car elle conspire contre les libertés civiques. La Fédération internationale des droits de l’Homme, dont le siège est à Paris, regroupe des associations du Guatemala, d’Argentine, du Nicaragua, de Bolivie, du Pérou, du Panama, d’Equateur, du Mexique, du Canada et des Etats-Unis. Elle a signalé que cette mesure « viole encore davantage » les droits des immigrants et a demandé au gouvernement de Barack Obama d’en interdire l’application.

Les sans papiers ont toujours fait l’objet de poursuites et ont maintes fois été reconduits à la frontière, mais leur situation ne constituait pas jusqu’ici un délit. Le malaise des policiers augmente : ils risquent d’être traînés devant les tribunaux par des citoyens étasuniens qu’ils auraient arrêtés et interrogés alors que leurs papiers étaient en règle.

Nogales est le nom d’une ville qui se situe à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Ses habitants passent habituellement cette frontière pour aller faire leurs courses d’un côté ou de l’autre, en fonction des prix des articles qu’ils achètent. La colère gronde parmi eux. Les gens apposent sur les véhicules des autocollants dont le texte propose un boycottage des articles confectionnés en Arizona.

Les immigrants sans papiers y voient un obstacle de plus, ni plus ni moins grave que les extorsions, les détentions et les enlèvements auxquels ils s’exposent habituellement en entrant en territoire étasunien. Il est probable qu’ils continueront d’affluer, leur but étant de subvenir aux besoins de leur famille restée au Mexique en lui faisant parvenir des fonds, les fameuses remesas. Les organisations qui ont pour vocation de défendre les droits des immigrants ont organisé des manifestations imposantes dans les rues de Phoenix et de plusieurs villes de Californie.

La loi Arizona constitue un nouveau défi lancé au gouvernement du président Barack Obama. Le Congrès discute précisément ces jours-ci une loi migratoire qui permettrait de régler plus ou moins bien la situation de douze millions d’Hispanos ayant émigré illégalement aux Etats-Unis et représentant une nombreuse main d’œuvre pour l’économie étasunienne.

Obama n’a certainement pas oublié la marche qui a eu lieu le 21 mars dernier sur l’avenue qui relie le Capitole à la Maison-Blanche : plus de cent mille personnes y exigeaient une nouvelle loi migratoire, valable pour toute la nation.• Les immigrants ne sont pas des délinquants.¨



 Source : Joaquin Rivery Tur (Granma)

Tag(s) : #actualités
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