Jeudi 12 juillet 2012

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Un nouveau mouvement nationaliste clandestin a vu le jour. Il a annoncé sa création lundi soir lors d'une conférence de presse organisée quelque part en Haute-Corse.

Comme le stipulent les quatre lettres inscrites sur le tissu blanc recouvrant la table où, entourés d'une vingtaine d'individus encagoulés et armés, un porte-parole a lu un texte de huit pages, ce mouvement ne se donne pas d'autre nom que celui de FLNC.

 

Est-il issu d'une scission au sein de la clandestinité?

Cette nouvelle organisation indique que ses membres n'ont jamais quitté le FLNC mais précise qu'ils sont des « combattants, militants et responsables issus de tout le mouvement national,»qui donnent «une parole et une structuration plurielles au Front de libération nationale de la Corse. »

Mais « par solidarité patriotique», ils saluent « tous ceux qui sont investis dans d'autres courants du FLNC » et assurent de leur soutien « les combattants lourdement condamnés la semaine passée ainsi que tous les prisonniers politiques corses. »


« La Corse traverse une crise sans précédent »


Le discours ne fait état d'aucune revendication, ce FLNC déclarant qu'il n'a pas de communication à faire sur ce sujet, « la priorité étant l'analyse politique. » Et se refuse à commenter les actions d'autres groupes clandestins et leurs positionnements, tout comme ceux d'ailleurs des mouvements publics même s'il fait passer quelques messages.

Cette intervention a été focalisée sur l'analyse de la situation de la Corse, « les évolutions nécessaires de la lutte nationale publique et clandestine » et le message adressé au nouveau président de la République, François Hollande.

Le FLNC constate que la Corse traverse « une crise politique, économique, sociale et morale sans précédent. »

Il pointe du doigt la précarisation des Corses : « Alors que la majorité s'appauvrit, une minorité continue à s'enrichir par la spéculation foncière et immobilière. »

Mais aussi « l'économie productive abandonnée au capitalisme sauvage», les groupes financiers « qui s'accaparent des pans entiers de l'économie », « la déculturation de la langue corse », « la délinquance vécue par une partie de la jeunesse comme une promotion sociale », « la consommation de drogue », « le nombre d'assassinats inégalé en Europe proportionnellement à la population ».Il note aussi«l'échec de la politique d'intégration ».


« Réengager une réflexion sur le droit à l'autodétermination »


S'il se réjouit de voir ses revendications reprises par des élus traditionnels, le FLNC estime cependant que le mouvement national est la « seule alternative porteuse d'espoir » et « assure, par sa pluralité publique et clandestine, la conscientisation identitaire et politique du peuple corse. »

Mais cette organisation clandestine « refuse » l'idée d'opposition entre autonomistes et indépendantistes dont les offres « sont différentes mais aussi qualitativement similaires. »


Selon elle, ceux-ci « doivent, dans leur pluralité, réengager une réflexion sur le droit à l'autodétermination »et demande ainsi aux « frères patriotes » de Femu a Corsica de couper « avec leur posture pragmatique » consistant «à ne se positionner que pour la prise de pouvoir» et à laquelle elle oppose une autre finalité : que « la Corse retrouve sa souveraineté. » Évoquant ensuite Corsica Libera, elle ajoute que « le mouvement indépendantiste public, par sa présence politique et sa représentation, est une donnée fondamentale dans la résolution du conflit franco-corse. »

Quant au FLNC, lui-même, s'il n'y a pas lieu « de remettre en cause sa légitimité historique et l'exercice de son droit à la résistance », il doit toutefois « redéfinir sa place dans le mouvement national et son fonctionnement.

Face à « la dynamique » du mouvement national, le FLNC n'a plus à être « ni une direction politique ni une avant-garde du mouvement public ou du peuple en général. »


Le nouveau mouvement dont la création a été annoncée l'autre soir signale qu'il a « structuré et réorganisé une résistance apte à faire usage d'une force légitime là où les moyens publics de la lutte populaire sont inopérants et en cas d'agression.»

Et précise concernant ses moyens que par «souci de lisibilité et de clarification, il ne lève aucun impôt.»


Des propositions adressées à François Hollande


Cette nouvelle organisation clandestine déclare qu'elle « a vocation à disparaître »même si « les garanties, pour l'heure, ne sont pas encore réunies. Nous ferons en sorte de contribuer à créer demain les conditions d'une sortie de crise, porteuse d'une paix durable et non pas armée contre l'État français ou d'autres Corses. »


Les derniers mots de cette intervention sont justement destinés au nouveau président de la République qui, avec son gouvernement, a « la possibilité de commencer une ère nouvelle de partenariat ». Le FLNC lui demande pour cela de s'engager sur plusieurs points : « reconnaissance officielle du fait colonial français en Corse, ouverture d'un processus permettant à terme l'exercice des droits du peuple corse, d'une révision constitutionnelle pour l'octroi de moyens structurels et juridiques donnant aux Corses la maîtrise démographique, foncière et économique : citoyenneté corse, code des investissements, statut officiel de la langue corse, libération de tous les prisonniers politiques corses. »


Pour le FLNC, « l'espoir est grand de déboucher sur une véritable solution politique négociée » et il se dit « prêt à prendre à nouveau des initiatives en ce sens mais, avertit-il,sans jamais brader les intérêts supérieurs de la Corse. »

 

SOURCE / Corse matin

Tag(s) : #actualités
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