"Il est temps que Moubarak dégage"

Violent article du rédacteur en chef du site égyptien d'opposition Al-Dustour contre la mainmise du président égyptien sur tous les rouages du pays. Ibrahim Issa demande aux egyptiens d'épargner les membres du gouvernement et de se concentrer sur le président.


26.01.2011 | Ibrahim Issa | Al-Dustour


 

Laissez le gouvernement tranquille, fichez la paix au ministre de l’Intérieur et ne réclamez pas sa démission. Frères en colère contre le gouvernement d’Ahmed Nazif, contre le ministre de l’Intérieur et tous leurs sbires, calmez-vous un peu et dirigez vos attaques contre le seul et vrai responsable qui siège au palais présidentiel. 

Ni le Premier ministre, ni les membres du gouvernement ont falsifié les référendums ou les scrutin présidentiels et parlementaires. Ce ne sont pas eux non plus qui ont monopolisé le pouvoir. Ils n’ont fait que remplacer d’autres ministres. Tous sont éjectables, mais Moubarak demeure inamovible. C’est le président qui est le responsable de cette situation, allez donc à son temple, entrez dans son bunker et dénoncez sa politique.

Nous n’avons ni blasphémé, ni été impolis, ni dépassé nos limites, en affirmant que le problème de l’Egypte c’est bien son président et que ça suffit trente ans au pouvoir. Surtout que ce pouvoir ne peut se targuer de succès ni encore moins de sagesse. Et même s’il avait prouvé des prouesses dignes du Japon et une sagesse à la suédoise, il n’y a pas de place en Egypte pour un président à vie.

La falsification électorale a lieu depuis l’arrivée de Moubarak au pouvoir [en 1981]. A cette époque Ahmed Ezz [leader du PND, le parti au pouvoir] était encore étudiant. Il était occupé par ses études, sa coupe de cheveux et sa guitare. Pas la peine de se focaliser sur lui.

Depuis trente ans, depuis l’arrivée de Moubarak au pouvoir, la "gentille" opposition dirige ses attaques contre tel ou tel ministre ou responsable, comme si Moubarak ne savait pas ce qui se passait. En Egypte, le président sait tout et personne ne prend la moindre décision, sans l’avoir préalablement consulté.

Le président va bientôt nous réclamer un sixième mandat. Une excellente occasion pour que l’opposition se réveille.  Car Moubarak aurait pu être un meilleur chef de l'Etat, s’il avait été confronté à une opposition qui, au lieu de le flatter et louer ses vertus, avait fait son travail d’opposition.

Source : Courrier international


Tag(s) : #actualités
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