Eric Besson a failli quitter le studio du 6h30-10h de France Inter, ce lundi matin, avant son passage à l'antenne. Outré par la chronique de Stéphane Guillon juste avant son arrivée, il voulait lui répondre, puis planter là journalistes et auditeurs. L'équipe l'a convaincu de rester, arguant qu'il représentait l'UMP. Ça n'a pas suffi à apaiser l'indignation du ministre de l'Identité nationale.

Dans sa chronique, l'humoriste trace une biographique fictive de l'ex-socialiste rallié début 2007 à l'écurie sarkozyste : il le dépeint en « Mata-Hari de la politique française », infiltré par le Front national au sein de la gauche puis de la droite de gouvernement, nostalgique des soirées viriles à Montretout (l'ancien siège du parti extrémiste) où résonnaient bruits de bottes et aboiements de dobermans, qui parvient finalement à réaliser son dessein en devenant le premier expulseur d'immigrés de France.


 

 La chronique se termine par cette phrase, hurlée avec l'accent qu'on prête aux nazis dans les films de guerre : 


« En vérité, c'est un coup à quatre bandes : Marine Le Pen Présidente, Besson Premier ministre, Zemmour à la Culture, pour une France pure et blanche, sans délinquance, sans burqa, et sans rappeurs ! ! ! » (Voir la vidéo).

L'humour ne fait aucun doute : qui considère sérieusement qu'Eric Besson est le théoricien de la politique gouvernementale en matière d'immigration ? Sinon, Guillon reprend des poncifs de la caricature bessonienne (« Un vrai profil à la Iago, idéal pour trahir »). 
La référence absente à « Mein Kampf »


Installé au micro vingt minutes après la chronique de Guillon, le ministre annonce qu'il ne l'a pas écoutée, mais qu'il a déjà reçu des SMS d'amis choqués. Dans sa réponse, d'une durée de deux minutes, Besson commence par se tromper (Guillon n'a pas mentionné « Mein Kampf »). Puis il parle de « dérive » et de « match totalement inégal » entre le chroniqueur et ceux qu'il croque.

Il revient aussi sur une précédente chronique de l'humoriste le concernant (à propos de ce que Guillon appelle son « mariage gris »), chronique qu'il considère, et il « pèse [s]es mots », comme « raciste » :

« Venant d'une autre radio et venant d'un autre personnage, on aurait dit qu'elle était raciste. »

Traduction : France Inter et Stéphane Guillon bénéficieraient d'une impunité toute spéciale. C'est la première fois qu'une personnalité politique s'en prend ainsi à la radio, au-delà d'un de ses salariés. Attaqué sur sa sexualité supposément débridée, Dominique Strauss-Kahn avait sobrement qualifié de « méchanceté » l'humour de Stéphane Guillon.
« J'aimerais que vous réfléchissiez à la responsabilité de France Inter »

Besson enfonce le clou, en s'adressant à Nicolas Demorand :

« J'aimerais que vous réfléchissiez à la responsabilité qui est la vôtre. C'est un combat inégal. Lorsque je parle comme je suis en train de le faire, je sais très bien que je lui fais de la publicité, je sais très bien qu'on va le considérer comme un martyr et qu'au nom de l'humour, il a le droit de tout dire.

Or, l'époque souffre de ça : il faut arrêter les amalgames, il faut arrêter les anachronismes. La responsabilité de France Inter comme radio de service public, je pense que vous devriez y réfléchir. » (Voir la vidéo).


Engagée par un des piliers du gouvernement, la responsabilité de France Inter conduira-t-elle la radio à se débarrasser de Stéphane Guillon ? 

Son directeur, Philippe Val, n'apprécie pas vraiment ce genre d'humour légèrement outrancier. Il a un jour déclaré, avant de s'attirer une réponse cinglante de Guillon :

« France Inter est une radio qui coûte cher à l'actionnaire, qui n'est pourtant pas très bien traité par la station. »

Certaines sources annoncent que Guillon ne sera plus là en septembre.


Source : RUE 89

Tag(s) : #actualités
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :