Ils remplissent les cuves des gens qui n’ont plus les moyens de se chauffer

  par Françoise Jeanparis

 

 

Initiative solidaire des livreurs de fioul comtois qui prennent sur leurs marges pour remplir les cuves des familles en précarité énergétique. Ils ont fondé une association, Action solidarité fioul, et déjà collecté 30 000 € qui seront distribués dans les jours à venir, via les Restaurants du cœur, en bons de 300 € pour se chauffer.

Derrière son bureau, un portrait du Daïla Lama. « On rêve tous d’un peu de sagesse », avoue Jean-Luc Vanoni. Ce marchand de fioul installé à Seloncourt, président de la Chambre des négociants en combustibles de Franche-Comté, est à l’origine de cette démarche solidaire, unique du genre en France, qui a emporté l’adhésion de l’ensemble des négociants indépendants du Doubs, Territoire de Belfort, Haute-Saône, Nord Jura. « Concurrents dans la vie professionnelle, nous avons fait front commun dans une belle osmose sur ce projet et ça, c’est extraordinaire ».

Quand dans sa vie il faisait froid

La pompe solidaire s’amorce un soir de l’hiver dernier. Jean-Luc Vanoni est contacté par une dame d’un petit village du Doubs. Pourrait-il la dépanner d’un peu de bois pour se chauffer. À la façon de l’Auvergnat, dès le lendemain matin, il dépose quatre morceaux de bois pour que dans sa vie il ne fasse plus froid. Et en profite pour jeter un œil discret sur sa cuve à fioul. Elle est vide. « Des gens en situation précaire à la suite d’accidents de la vie, on en rencontre régulièrement pendant nos livraisons. On prend ça en pleine figure puis on rentre dans le confort de son chez soi et on passe à autre chose. Sauf que la situation de cette dame m’a touché. J’y ai réfléchi une bonne partie de la nuit ». Au petit matin, Jean-Luc Vanoni a pris sa décision. « Il faut faire quelque chose pour aider les gens en précarité énergétique ». Il appelle un collègue distributeur de fioul. Puis deux. Puis trois. Tous sont partants.

Du fioul dans 100 cuves

En un week-end germe de l’idée semée un mode opératoire. Sur chaque m³ de fioul livré, le négociant prélèvera 25 centimes d’euro sur sa marge. Vu comme ça, on ne va pas loin avec un quart d’euro, « sauf que selon la taille du négociant, ça fait une cotisation annuelle de 1 000 euros, voire bien davantage. Qu’on se comprenne bien. Nous n’augmentons pas de 25 centimes le prix du m 3 livré. Cet argent est pris dans notre poche. C’est un geste solidaire des négociants ». Dans la foulée, une association est créée, prend le nom de Solidarité fioul, les statuts sont déposés, le bureau constitué avec Philippe Lassout, négociant à Saint-Vit pour président, Jean-Luc Vanoni comme vice-président. Quasi tous les distributeurs membres de la chambre des négociants rejoignent l’association. Un an plus tard, 30 000 € ont été collectés. D’ici la mi-décembre, des bons de fioul d’une valeur de 300 € seront distribués aux familles en grande précarité par les Restaurants du cœur avec lesquels Solidarité fioul a passé une convention. « Les Restos connaissent le mode de chauffage de leurs bénéficiaires, savent qui doit être aidé, conclut Jean-Luc Vanoni. Nous, on offre les bons et on se chargera des livraisons. Nous sommes des commerçants, pas moins des citoyens, plutôt fiers d’avoir réussi à se fédérer sur un tel projet, heureux d’apporter notre pierre à une action solidaire ». La dame à l’origine sans le savoir de Solidarité fioul est devenue la « marraine morale » de l’association.


par Françoise Jeanparis

 

 
Source : Le pays.fr
Tag(s) : #actualités
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