free angela

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Angela Davis donc.

  Il y a quelques noms qui marquent certaines décennies de résistance. Le début des seventies, après les multiples combats de 1968 dans le monde, fut un moment de grandes résistances. Dont celle des afro-américains aux États-Unis. Souvent leurs luttes spécifiques rejoignaient la longue lutte pour les droits civiques et celle du vaste mouvement anti-guerre du Vietnam. Chacun sous différentes formes résistait à la violence légale de l'État, et de son appareil répressif.


  C'est l'une des grandes forces de ce magnifique documentaire de Shola Lynch, de montrer certes un petit morceau de la vie militante d'Angela, loin des biopics américains que nous subissons assez souvent. Le "Malcom X" de Spike Lee, mis à part. Donc Angela Davis, icône de la contre-culture de l'époque. Elle est le fil rouge de ce film, où sont aussi présents les fameux Soledad Brothers, Jean Genet ou encore George Jackson.

  En peu de temps, la grande force du mouvement de soutien à Angela, durant sa période clandestine et ensuite durant son procès, fut de ne pas se limiter à son cas personnel, cette lutte fut aussi la lutte contre la ségrégation, pour la libération des prisonniers politiques, et plus généralement une lutte pour l'émancipation. D'ailleurs le choix du titre est bien explicite.

  Dans l'Amérique du nord ultra-réactionnaire de Nixon où les WASP dominaient en maître, et où les feux du KKK sévissaient toujours, pas facile d'être une jeune femme, noire, intellectuelle et communiste, professeure de littérature. Cela menait assez vite sur la "short list" des dix personnes les plus recherchées par les cowboys du FBI.


  Alors quarante ans plus tard, l'existence d' un tel film est indispensable, même s'il n'est pas sans défaut. Quelques longueurs en forme de dessins lors du procès, et un léger manque de documents filmés sur le vaste mouvement international de soutien. On aurait aussi aimé entendre dans la bande-son John Lennon et son célèbre "Angela", ou les Rolling Stones avec "Sweet black angel". Sans doute une question de coût.


  angela-copie-1.jpgMais le film dégage une belle force, celle de son sujet, une combattante exceptionnelle, qui ne renonça jamais et poursuit jusqu'à maintenant son engagement pour les femmes, contre le racisme et contre toute les formes d'oppression qui perdurent, en particulier pour l'abolition de la peine de mort dans les États qui la pratiquent encore.

 

  Mais c'est aussi l'énergie de l'époque qui passe bien dans ces images d'archives et dans l'entretien avec Angela Davis. Un long travail de huit ans de recherches, avec en prime la restauration de certains documents encore jamais vus, le tout sur des supports hétéroclites. Un beau travail de production, entre la France et les États-Unis, qui va prendre place pour longtemps parmi ces documentaires de référence sur cette période d'une grande richesse politique.

 

  Voir ce film est tout à fait dynamisant, pour aujourd'hui et pour demain, rappelant qu'un autre monde est toujours possible, que l'on peut résister à la répression de l'État, que gagner face à lui est possible, que nous devons conserver ainsi la mémoire des luttes radicales d'hier afin de mieux faire vivre les luttes radicales de demain.

 

 

  Dan29000

 

 

Free Angela and all political prisoners

Réalisation et scénario : Shola Lynch

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1 h37 / USA / France 2012

Sortie France le 03  avril 2013

Distribution : JOUR2FETE

 

 

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Entretien avec Shola Lynch (extraits)


Votre premier documentaire avait pour sujet Shirley Chisholm, la première femme noire élue au Congrès en 1968 et première candidate à la Maison Blanche en 1972. Aujourd’hui c’est Angela Davis. Qu’est-ce qui vous intéresse, vous touche chez ces deux femmes de légende ?


Ce sont deux femmes de caractère exceptionnelles. Elles ont fait des choix personnels qui ont engagé toute leur vie. Shirley Chisholm, femme noire, s’est présentée comme candidate à la présidence
des États-Unis en 1972 en sachant qu’elle n’avait aucune chance
de gagner ! Concernant Angela, je voulais savoir qui était réellement
cette femme au-delà de l’image puissante qu’elle dégage, comment une jeune professeure est devenue une figure emblématique à la renommée internationale et une icône révolutionnaire. Je voulais savoir ce qui a poussé ces deux femmes vers ces destinées.


Vous êtes née en 1969, votre père professeur d’histoire à Columbia est noir, et votre mère blanche. Vous avez grandi à Manhattan à l’abri du racisme.


Ce n’est pas tout à fait exact de dire que j’ai grandi à l’abri
du racisme. Mais dans les années 70, j’ai été bercée par
un album de chansons pour enfants : « Free to be you and me », qu’interprétaient Marlo Thomas et d’autres artistes comme
Harry Belafonte, Michael Jackson, Diana Ross, Dustin Hoffman, Mel Brooks, Dionne Warwick etc. C’est un album qui est devenu mythique, il prônait le respect, l’égalité, l’entraide. Naïvement, enfant, je croyais que Martin Luther King et Malcolm X réglaient la question du racisme, tout comme Gloria Steinem s’occupait du sexisme !


Qu’évoquaient pour vous ces noms : Frères de Soledad,
Black Panthers, Eldridge Cleaver, Angela Davis ?


A cette époque, je ne savais rien sur Les Frères de Soledad.
En revanche Les Panthers représentaient pour moi le Black Power
et une stratégie plus radicale que la résistance passive du mouvement des droits civiques. Je savais qu’Angela était une personne clé de l’Histoire sans pouvoir dire exactement pourquoi. Avec Free Angela And All Political Prisoners j’ai répondu à ces questions.


Comment avez-vous rencontré Angela Davis ?


Tout d’abord je l’ai poliment harcelée jusqu’à ce qu’elle accepte
de me rencontrer ! Sincèrement, je pense qu’Angela ne m’aurait jamais prise au sérieux sans mon précédent documentaire, « Chisholm '72 », qui a été ma meilleure carte de visite.

 

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2012 : Conférence de presse au Festival international du film de Toronto (en VO)

 

 

Projections-débats
  • Mercredi 3 avril au MK2 Odéon, 20h : Elvan Zabunyan (historienne de l'art, spécialiste de la culture noire américaine des années 1960 et 1970, maître de conférence à l'Université Rennes 2 et amie d'Angela Davis)
  • Jeudi 4 avril au 7 Parnassiens, 20h30 : Ariane Gresillon (directrice adjointe de ECPM -Ensemble Contre la Peine de Mort) et Claude Guillaumaud-Pujol (universitaire - spécialiste des Etats-Unis, membre du collectif « Ensemble sauvons Mumia Abu-Jamal »)
  • Vendredi 5 avril au Balzac, 20h : Hélène Le Dantec-Lowry (professeure de civilisation américaine à la Sorbonne Nouvelle) et Serge Ricard (professeur émérite de civilisation américaine à la Sorbonne Nouvelle)
  • Lundi 8 avril au MK2 Beaubourg, 20h : Florence Bellivier (professeur de droit à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense, secrétaire générale adjointe de la FIDH - Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme, présidente de la Coalition mondiale contre la peine de mort)
  • Mardi 9 avril au 7 Parnassiens, à 20h30 : Caroline Rolland Diamond (maître de conférences en histoire américaine Université de aris uest anterre, UFR Langues et Cultures étrang res)

 

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