Après son magnifique premier roman "Sukkwan Island", prix Médicis étranger en 2010, et la confirmation de son grand talent avec "Désolations", David Vann, maintenant très attendu en France, nous revient avec "Impurs".

  Très différent de ses deux romans précédents, l'auteur nous embarque au beau milieu de la Vallée Centrale de Californie où sévit une implacable chaleur et une sécheresse qui ne peut qu'influer sur le mental de ceux qui la subissent. Surtout si ce mental est déjà quelque peu agité.

  Dès les premières lignes du premier paragraphe, David Vann plante le décor, en peu de mots. Le personnage principal, Galen. Il est sous un figuier, lisant un des grands classiques de la littérature "Siddhartha". Il attend sa mère. Il y a aussi une vieille maison. Et la chaleur, la sueur, et la mère qui arrive... Alors Galen se concentre sur sa respiration... en espérant que sa mère disparaisse.

  La méditation peut-elle faire disparaître les mères oppressantes ?

  Une mère étouffante, prisonnière du passé.

  Parfois le tête à tête envahissant est rompu par les visites de la tante de Galen et d'une sensuelle cousine de dix-sept ans. Et puis il y a aussi les visites à la grand-mère, riche la grand-mère, et dont la mémoire vacille un peu.

  Beaucoup de femmes donc autour de Galen. Trop sans doute.

  Un roman puissant et prenant, un roman sur les rancœurs et sur l'obsession, un roman sur la famille. Un roman qui ne peut que surprendre, durant de longues et belles pages, l'on se demande où l'auteur veut en venir. Bien sûr l'on ressent que tout cela ressemble un peu à un terrible feu qui couve. Le feu est là, sous les cendres du passé, personne ne le voit, mais il est vivant et attend son heure.

  Si le jeune Galen est le pivot du roman, les personnages secondaires féminins ne sont pas pour autant de simples silhouettes. Toutes ces femmes sont en interaction avec Galen, elles construisent au jour le jour, ce qui va se dérouler dans ce coin reculé, non loin de Sacramento.

  David Vann est un maître en psychologie, difficile de ne pas songer à Ingmar Bergman ou Thomas Viterberg, même si l'un est écrivain et les deux autres cinéastes. Analyser en profondeur l'âme humaine et faire surgir à un moment donné les noirceurs les moins avouables. Sans tomber dans le pathos facile. Cela n'est pas donné à beaucoup d'écrivains. D'autant plus que des touches d'humour sont parsemées dans le texte. Faire aussi sentir au fil des pages, la tension qui monte, et ensuite faire durer dans le temps l'explosion.

  Au-delà de la chaleur, du sexe et de l'obsession de l'argent, plane les divers refoulements intimes, donnant un visage terrible de la famille américaine.

  De nouveau l'accueil des critiques français et américains est plus que favorable. Difficile de ne pas reconnaître que David Vann, maintenant traduit dans une cinquantaine de pays, est entré dans le club des grands écrivains de cette littérature américaine que nous aimons depuis longtemps.

  Lisez ce roman, et ensuite vous aurez envie de lire les deux précédents, maintenant publiés en format de poche.

  Un très haut degré de littérature...

 

  Dan29000

 

 

Impurs

David Vann

Traduit de l'américain par Laura Derajinski

Editions Gallmeister

2013 / 280 p / 23,10 euros

 

 

Voir le site de l'éditeur

 

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REVUE DE PRESSE :
 

 

Très efficace, ce roman est toxique et intense.

LE MAGAZINE LITTERAIRE

 

 

Impurs commence comme un roman de Steinbeck et finit un peu comme celui de Thomas Pynchon. (...) Sexe, pulsions morbides, folie, obsession de l'argent, voilà le portrait de la famille américaine.

FRANCE INTER

 

 

Bienvenue dans les feux de l'enfer californien.

LIRE

 

 

Fulgurant… David Vann possède une sensibilité littéraire extravagante et son roman est plein d’échos.

WASHINGTON POST

Il y a là beaucoup d’humour, et du très noir. David Vann excelle à déterrer les vérités sournoises.
BOSTON GLOBE

Un roman aussi inquiétant qu’envoûtant.

DENVER POST

 

 

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EXTRAIT :

 

La grand-mère de Galen était en parfaite santé, exception faite de sa mémoire. Suzie-Q, dit-elle lorsque la mère de Galen entra. Elles échangèrent une étreinte, puis ce fut au tour de Galen.
Galen n’aimait pas les étreintes. Sa famille était exclusivement composée de femmes et elles l’étreignaient tout le temps, plusieurs fois par jour. Il aurait préféré ne plus jamais être étreint pour le restant de sa vie.
Regardez-moi ça, dit-elle. Mon beau petit-fi ls. Tu te prépares pour les cours de cet automne ?
Les biceps de Galen étaient prisonniers des mains de sa grand-mère. Il essaya de détendre ses bras, comme s’il s’agis sait des bras de quelqu’un d’autre. Mais elle ne le
lâchait pas. Son visage était très proche du sien. Un visagedifférent depuis quelques mois. Un nouveau dentier l’avait complètement changé, l’avait rendu plus rond, plus doux, étranger. Comme si ce n’avait jamais été sa grand-mère mais une autre personne dissimulée en elle.
Pas cet automne, dit-il enfin. Je repousse d’une année.
Elle l’examina, scruta son visage et ses yeux, essayant de se souvenir, peut-être. Ce dont elle ne pouvait pas se souvenir, c’était qu’il repoussait ainsi depuis cinq ans.
Oui, dit-elle. Oui, bien sûr, un peu de temps avant de commencer. On en a déjà parlé. C’est toujours une bonne idée. Voyager un peu, peut-être, commencer par voir le
monde.

 

 

Impurs, le nouveau roman de David Vann, chez Gallmeister
Tag(s) : #lectures
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