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 Alors que la vie littéraire est marquée par deux temps forts chaque année, la rentrée littéraire de septembre, et celle à un degré moindre de janvier, la fin de l'hiver est généralement assez calme. Sauf cette année qui fut marquée par un événement particulièrement important, à savoir, la traduction française de l'intégralité du journal de Henry David Thoreau, œuvre majeure de la littérature américaine.

 

 Précisons tout de suite que la publication de ce premier volume tombe à pic en cette année qui marque le 150e anniversaire de la mort de ce grand écrivain. Généralement le public connait de lui le fameux "Walden ou la vie dans les bois" publié en 1854 et qui marqua toute la littérature américaine, à juste titre. Si vous ne l'avez pas encore lu, on ne peut que vous conseiller de commencer par là. Splendide réflexion sur la vie simple, loin de la société, dans un milieu naturel. Ceci venant cinq ans après "La désobéissance civile" ouvrage important qui influença Tolstoï, Martin Luther King et même Gandhi, explicitant le concept de résistance individuelle non-violente.

 

 Mais ce poète, enseignant, philosophe et naturaliste fut aussi un homme très engagé dans la lutte contre l'esclavagisme soutenant le travail difficile des abolitionnistes. Cet homme attachant, mort à 44 ans dans sa ville natale de Concord dans le Massachusetts fut de plus considéré comme un des premiers écologistes en son temps. Il est aujourd'hui souvent cité par les tenants de la décroissance, dont notre site partage nombre d'idées. Thoreau savait mieux que personne observer la nature, ayant des connaissances en botanique, et surtout observer l'homme dans cette nature, appelant déjà à préserver l'environnement.

 

 Si l'homme pouvait se retirer du monde dans une cabane de 13 m2, construite de ses propres mains, il était aussi un ardent militant, refusant de payer ses impôts à un gouvernement qui faisait la guerre au Mexique et qui soutenait l'esclavagisme. En 1846 il connut, brièvement, la prison pour cela, mais fut libéré, contre son gré, après qu'une de ses tantes eut acquitté ses arriérés...

 

 En plus de toutes ses activités, Thoreau tenait un journal. Journal débuté à l'âge de vingt ans, en octobre 1837. Cela dura jusqu'à sa mort en 1861. 7000 pages d'où il tira la matière de ses conférences. Journal publié pour la première fois dans son intégralité en 1906 aux États-Unis. Et pourtant cet ensemble impressionnant ne fut jamais traduit dans aucune langue.

 

 C'est dire l'importance de l'entreprise des éditions Finitude qui prévoient de publier cette œuvre en totalité, c'est à dire quinze volume, en quinze ans. Difficile de ne pas saluer un si vaste projet ! Ce premier volume couvre les trois premières années de 1837 à 1840, avec en complément fort utile, une carte de Concord en 1830, une chronologie de Thoreau en son temps et même une histoire du journal, permettant ainsi de mieux contextualiser le texte.

 Souhaitons que ce premier volume trouve un public, au-delà des lecteurs habituels de Thoreau, un public amoureux comme nous de la littérature américaine dans ce qu'elle a de meilleure, un public aussi amoureux d'écologie et d'une autre façon de vivre qui redevient en ce moment d'actualité avec le mouvement des décroissants, enfin un public amoureux de poésie, car elle est très présente chez ce penseur qui fut aussi source d'inspiration des plus grands écrivains, de Jack Kerouac à Henry Miller ou Kenneth White et Rick Bass, en passant par Jim Harrison ou Yeats...

 

 Un grand plaisir de lecture.

 

 H.D. Thoreau est toujours vivant dans nos bibliothèques et dans nos cœurs malgré le temps qui passe, et avec cette courageuse publication qui ne fait que commencer, cela ne peut que s'amplifier.

 

 

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Thoreau.jpgJournal

22 octobre 1837 - 31 décembre 1840

Volume 1

Henry David Thoreau

Traduit, annoté et présenté par Thierry Gillybœuf

Editions Finitude

2012 / 256 p / 22 euros

 

Voir le site de Finitude

 

Lire quelques pages

 

 

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Presse

 

Ce Journal permet de suivre l'évolution, l'élaboration intuitive d'une philosophie originale. [...]
C'est un formidable outil pour découvrir la culture américaine.

Aliocha Wald Lasowski, Le Magazine littéraire.

 

Paraît aujourd'hui en français le premier tome de la première traduction intégrale du Journal jamais réalisée en aucune langue. Ce volume, et les suivants promettent d'être semblables sur ce point, ne consigne aucun des événements de ce qu'un biographe appellerait la vie de Thoreau. [...] L'œuvre est plutôt consacrée à ce qui est vraiment personnel chez son auteur, comme si ce qui concerne sa vie sociale était pure contingence à dédaigner. [...]
Thoreau a toujours revendiqué sa marginalité.
[...] Il va persister à vivre et à penser comme personne.
Mathieu Lindon, Libération.

 

L'auteur américain livre une pensée puissante sur l'homme et son milieu. [...] Celui qu'on présente parfois comme le précurseur écolo du milieu du xixe siècle est devenu l'un des plus grands écrivains américains, salué pour son indépendance d'esprit, et son intraitable regard sur une société qu'il observait du fond des bois. C'est qu'à observer les arbres dans la nature sauvage, on comprend parfois d'autant mieux comment la vie sociale a ses propres règles et — il le note sans indulgence — sa propre inanité.
Gilles Heuré, Télérama.


Thoreau est le penseur du sublime de la nature en même temps que l'acteur de sa vie dépouillée. Il vise l'autosuffisance, la liberté absolue, veut disposer de soi et de son temps. Il ne pense pas avec les livres, mais en mettant son corps en contact avec la nature: il s'allonge dans une barque et se laisse aller à la dérive du courant, il cherche les pointes de flèches des Indiens qui lui en apprennent plus que n'importe quelle bibliothèque, il s'allonge sur le lac gelé qu'il aime d'amour pour y surprendre la vie qui continue… Comment ne pas aimer un pareil rejeton de Diogène en plein siècle industriel ?
Michel Onfray, Le Nouvel observateur.

 


Œuvre majeure de la littérature américaine. [...] Toute sa philosophie est déjà là. [...]
Un Journal prônant la vie lente et l'être-là absolu dont on a déjà envie de lire la suite.

Richard Blin, Le Matricule des Anges.

 

Dès sa jeunesse, l'auteur fuit la ville, prélude de son éloignement futur de la civilisation. Botaniste, il offre néanmoins aussi une multitude de réflexions sur la société de l'époque. Ses notations naturalistes sont poétiques, son engagement pour la liberté un modèle.
Andreina de Bei, Sciences et avenir.


Ce recueil est un voyage au cœur de la vie quotidienne très contemplative d'un intellectuel du XIXe siècle.
Catherine Thumann, La Décroissance.

 

Source : site de FINITUDE

Tag(s) : #lectures
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