katynWajda demeure un des plus importants cinéastes européens, même si ses films des quinze dernières annés furent nettement moins intéressants. Katyn vient donc stopper cette relative baisse de forme. Le film est magnifique, sans nul doute porté par la très forte et intime motivation du cinéaste polonais. En effet Katyn, au-delà du tristement célèbre massacre de milliers de prisonniers de guerre polonais par la police sovietique, raconte comment le père du cinéaste fut tué à cette occasion.

 

Petit rappel de ce que fut Katyn :

 

En septembre 1939, la Pologne est envahie par les armées allemande et soviétique.
Pris en tenailles par les forces germano-soviétiques et surpris par l’agression inattendue de Moscou, des officiers et soldats polonais sont faits prisonniers de guerre par l’armée rouge qui va les remettre au NKVD, la police politique soviétique. C’est ainsi qu’au printemps 1940, sur ordre de Staline, 25 000 officiers et résistants civils polonais appartenant à l’élite du pays sont assassinés à Katyn, Kharkov et Tver. De 1939 à 1941, 1,6 million de civils polonais, dont les familles des officiers supprimés, sont voués à la déportation et souvent à la mort en URSS.
Les Soviétiques imputèrent le massacre de Katyn aux Allemands et le régime communiste polonais d’après-guerre entérina cette version. Cependant les Polonais n’abandonnèrent jamais les recherches, persuadés à juste titre qu’il s’agissait d’un crime soviétique.
En 1990, Mikhail Gorbatchev reconnaîtra officiellement que ces Polonais ont été assassinés sur ordre de Staline, par le NKVD, police secrète soviétique. En 1992, Boris Eltsine livrera à Varsovie l’ordre écrit officiel de Staline de commettre ce massacre.


 

L'homme qui tourna "Cendres et diamants", "L'homme de fer", "L'homme de marbre" et "Danton" nous livre ici un film puissant, ambitieux et surtout très personnel sur cet épisode tragique de la seconde guerre mondiale. Il avait 14 ans seulement lorsqu'il perdit son père et cela se sent dans ses images. Sans doute en rapport avec cette terrible disparition, Wajda devient résistant à seize ans dans l'armée de l'intérieur polonaise. À la fin de la guerre, il effectue des études de cinéma à l'Académie des beaux-arts de Cracovie, puis à Łódź dont il fréquente l'école de cinéma.
Puis il passe à la réalisation avec Génération en 1955 où il rompt déjà avec le ton partisan des productions de l'époque. En 1972, il est appelé à présider l'Union des cinéastes polonais. Proche des idées libérales de Solidarnosc, il se lie d'amitié avec Lech Walesa qui le nomme au Comité des Citoyens auprès du syndicat en 1981. Il a souvent été pourchassé par la censure pour sa critique soutenue des méthodes utilisées sous le stalinisme et pour l'évocation d'une Pologne en crise, aspirant à la liberté et à la démocratie, sujets de son diptyque L'Homme de marbre et L'Homme de fer, tourné durant les premiers événements provoqués par Solidarnosc. Il est aussi metteur en scène de théâtre, scénariste et documentariste.

Il  a été aussi directeur du théâtre de Cracovie (1962-98), directeur général du théâtre Powszechny de Varsovie (1989-90), membre honorifique de l’Union des Artistes et Designers Polonais (1977), président de l’Association des Cinéastes Polonais (1978- 83), nommé par Lech Walesa au Comité des Citoyens auprès de Solidarnosc (1981-89), sénateur de la République de Pologne (1989-91), président du Conseil de la Culture (1992-94) et fondateur du Centre d’Art et de Culture Japonais de Cracovie (1994).

C'est dire si l'homme, au-delà du cinéaste, est d'importance.

 

A noter qu'il fut souvent récompensé :

Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes 1957 pour Ils aimaient la vie (ex æquo avec Ingmar Bergman pour Le Septième Sceau)
Palme d'or au Festival de Cannes 1981 pour L'Homme de fer
César d'honneur 1982
Prix Louis-Delluc en 1982 pour Danton
César du meilleur réalisateur en 1983 pour Danton
Nomination pour l'Oscar 2008 du Meilleur film étranger

 

En compléments du DVD :

 

Entre propagande et désinformation, les archives nazie et soviétique consacrées à Katyn (19 min)
Post Mortem, entretien avec Andrzej Wajda (50 min)
Le martyrologe polonais, entretien avec Alexandra Viatteau (10 min)
Un grand témoin, Joseph Czapski raconte Katyn à Alexandra Viatteau (entretien audio 20 min)

 

Cet ensemble, fort riche, vient éclairer le film d'un jour nouveau.

D'une manière générale, on peut d'ailleurs saluer le choix des bonus des Editions Montparnasse, ce qui n'est hélas pas toujours le cas en DVD. (On ne citera pas de noms)

 

Dan29000

 

Katyn DVD
de Andrzej Wajda
avec Maja Ostaszewska, Artur Zmijewski, Andrzej Chyra
2010, 118 min, couleurs 16/9 VO, VOST, VF
Son stéréo DVD PAL - Zone 2

Editions Montparnasse

Collection Montparnasse classiques

Tag(s) : #écrans
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