Re-humaniser la poste fait partie des urgences sociales !


, par DUPIN Bernard Administrateur CGT Groupe La Postelundi 4 mars 2013

 

 


Après le suicide d’une jeune postière de Haute-Loire, le 15 février 2013 qui n’avait pas su faire face au volume du courrier à distribuer sur une tournée non assurée depuis plusieurs jours, le PDG de La Poste vient de confirmer un nouveau drame.

Un cadre dirigeant de l’entreprise, âgé de 41 ans, s’est donné la mort, le 26 février dernier.

Adjoint direct au Directeur de la communication du Groupe, il était notamment en charge de la communication interne de l’entreprise (magazine mensuel des postiers, publications régionales, etc) et a subi un burn-out, car il n’a pas résisté à la charge de travail qui entrainait des journées sans fin.

Nous pensons avant tout aux familles, aux proches, aux collègues et nous tenons à leur apporter tout notre soutien et notre solidarité.

La CGT mesure la responsabilité qui est la sienne s’agissant de celles et ceux qui suite à ces drames successifs se sont rapprochés d’elle.

Cela s’appelle le respect et la considération : autant de valeurs qui semblent s’être évanouies au plus haut niveau de l’entreprise.

Celle ci persiste en effet comme toujours à présenter ces drames comme « des drames personnels et familiaux où la dimension du travail est inexistante ou marginale », or il est évident que le lien avec le vécu professionnel semble désormais trop souvent prépondérant voire essentiel.

Persister dans ce type de communication pour une direction d’entreprise est une atteinte à la dignité humaine, celle de la mémoire.

Cette démarche dépasse complètement le déni, tant elle s’enracine dans les directions territoriales comme une méthode de management et de communication.

A côté du lien particulier que les postiers avaient tissé avec la population, c’est la qualité de vie au travail qui est aussi en péril aujourd’hui.

Qu’on ne s’y trompe pas, la stratégie de l’entreprise et sa traduction dans le quotidien des services sont le terreau du malaise social et donc des drames évoqués.

Le 28 février, l’entreprise a présenté son bilan 2012 qui affiche un résultat d’exploitation de 816 millions d’euros.

Un chiffre en hausse qui, assurent les dirigeants, est le reflet d’une « bonne stabilité financière pour l’ensemble du groupe ».

Cette « stabilité » résulte pourtant de plusieurs facteurs comme les 139 millions d’euros de fusions/acquisition, mais aussi les 200 millions de cessions du patrimoine de La Poste. Les 62 millions d’euros récupérés sur la masse salariale suite aux changements de taux de TVA. Les près de 5000 suppressions d’emplois en 2012 et une augmentation depuis trois ans des CDD. Enfin, une diminution des emplois à la Banque postale malgré le développement des activités.

Ces résultats permettent de distribuer 171 millions d’euros de dividendes aux actionnaires, soit 18,75% de plus que les résultats 2011.

Des dividendes dont le personnel en paient le prix fort et donc parfois même au prix de leur vie.

C’est cette politique menée depuis une dizaine d’années, accélérée par le changement de statut en S.A, qui a conduit à supprimer près de 90 000 emplois, à vendre le patrimoine, à se calquer sur les seules exigences de rentabilité et à faire la course aux dividendes.

Le sens même des valeurs du service public est foulé aux pieds lorsqu’on fait le rapprochement entre l’attrition des chiffres de qualité de service et les abandons caractérisés de missions de proximité.

Le contexte du début 2012 avait abouti à La Poste à une négociation d’un accord cadre sur la qualité de vie et l’organisation du travail que la CGT n’a pas signé.

Au-delà des déclarations d’intentions qui y figurent, aucune mesure concrète répondant aux attentes de toutes les catégories de postiers ne s’est traduite dans les faits.

Au contraire ce sont le plus souvent des attitudes méprisables qui sont opposées à leurs expressions revendicatives et à l’argumentation de leurs représentants syndicaux.

Depuis le début de l’année, la reprise à tout crin de restructurations dans tous les métiers et territoires, témoigne qu’aucune réelle inflexion de la stratégie n’a été opérée.

Enfin, aujourd’hui, on ne peut tolérer l’absence de communication du ministère de tutelle.

L’Etat en tant qu’actionnaire majoritaire se doit de sortir de son mutisme car il a le pouvoir politique de mettre en œuvre une autre alternative pour l’avenir du service public postal.

 

 

 

 

SOURCE / REZO CITOYEN

Tag(s) : #actualités
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