Marc Sagot, CGT SeaFrance :
« Cette affaire est un scandale d'État »

vendredi 06.01.2012

Marc Sagot est le secrétaire du syndicat CGT, dénonce le gâchis

 

 

Dans le dossier SeaFrance, l'actualité se concentre sur la CFDT.

Leader de la CGT, Marc Sagot rappelle cependant que la CFDT

est loin de représenter l'intégralité des salariés,

en dénonçant une énième fois un gâchis

aux allures de « scandale d'État ».

 

PAR PASCAL MARTINACHE

calais@lavoixdunord.fr

 

Que vous inspirent les développements du dossier SeaFrance depuis les dernières propositions de Nicolas Sarkozy ?

 « Le président de la République a annoncé qu'il y aurait des primes supra-légales. Nous-mêmes l'avions dit en envisageant la situation extrême d'une liquidation pure et simple de l'entreprise : il est impératif, pour éviter de rajouter du scandale au scandale, que les conditions de départ soient exemplaires. Maintenant, l'intervention du Président consiste à dire : "vous voulez une coopérative ? On abonde dans votre sens en majorant les primes de licenciement, et après vous prenez vos responsabilités". C'est une manoeuvre très habile. » 

Précisément, croyez-vous les salariés disposés à verser leurs primes pour une SCOP ?

 « Les primes sont individuelles, et chacun en fait ce qu'il veut. On peut se déclarer favorable à la SCOP et prendre deux actions à 50 euros, mais investir à hauteur de 50 ou 60 000 euros, ce n'est pas la même chose. La posture des uns et des autres est à géométrie variable, en fonction de la prise des risques et des montants investis. Cette attitude tient aussi au fait que des gens qui sont porteurs du projet disent eux-mêmes, de manière confidentielle, qu'ils ne sont pas persuadés de la viabilité du montage. » 

Le risque d'une liquidation sans reprise d'activité se précise de plus en plus. À qui imputez-vous la responsabilité de cette situation ?

 « En premier lieu à la SNCF. C'est la résultante des choix de ces dernières années. C'est elle qui a donné les clefs à l'organisation syndicale majoritaire. Elle avait le pouvoir de changer les choses. Mais il n'est pas question de dédouaner la CFDT, qui s'est rendue coupable d'entêtement, d'obstination. Ils ont eu le pouvoir et ils voulaient le garder. On voit ce qu'ils en ont fait. Pendant trois ans, ça a été le bras de fer avec la direction, puis avec les administrateurs judiciaires. Aujourd'hui c'est avec le gouvernement. Avec la CFDT SeaFrance, c'est toujours la même posture. Si on les écoute, il n'y a qu'eux qui détiennent la vérité. Ça ressemble plus à un comportement sectaire qu'à un comportement syndicaliste. C'est de l'extrémisme. » 

Pensez-vous que des salariés soient de plus en plus nombreux à se désolidariser de la CFDT ?

 « Lors de la dernière réunion de salariés, l'idée a été émise d'organiser un référendum. Ceux qui sont intervenus dans ce sens, étaient en général des adhérents CFDT. D'un côté, ils votent pour cette organisation syndicale, et derrière, ils essaient de se défausser en appelant à l'organisation d'un référendum. Je rappelle simplement qu'il y a eu des élections et que la CFDT en est sortie vainqueur. Il faut simplement que les gens mesurent ce qu'il résulte de leur choix. Mais il est vrai que l'intégralité des salariés n'est pas favorable au projet de la CFDT. Et justement, on demande aussi que les autres organisations syndicales puissent être entendues sur le sujet ».

Précisément, que proposez-vous aujourd'hui ?

 « Nous n'avons cessé de tirer la sonnette d'alarme en annonçant que nous allions droit dans le mur. Pour répondre à notre triple objectif, l'emploi, le pavillon français et la défense des conditions de travail, nous avons préconisé un rapprochement entre SeaFrance et Brittany ferries. Il s'agissait de couvrir tout l'arc Manche, et de faire face au développement et à l'implantation de compagnies low cost. Mais nous n'avons pas été entendus.

Aujourd'hui, il semblerait que Brittany Ferries n'ait plus les capacités financières. Mais il semblerait aussi qu'elle n'ait pas envie de s'encombrer avec les gens du syndicat maritime Nord... » 

Que pensez-vous des accusations visant la CFDT, à propos des menaces qu'elle exercerait et du système mis en place au sein de l'entreprise ?

 « Je peux témoigner personnellement que, lors d'un comité d'entreprise,

on a très clairement menacé les élus CGT de mort, ce qui a fait l'objet d'une

main courante au commissariat. Par ailleurs, mon prédécesseur, Roger Lopez,

a été tabassé sur le quai, en 2005. Éric Vercoutre a d'ailleurs été condamné

pour ces violences. D'autre part, mon suppléant, Christophe Wadoux, a été

tabassé lors d'une commission d'avancement, en présence de l'ancienne direction.

Il a eu pratiquement un an d'arrêt de travail. Il y a des faits clairement établis,

avec des procédures en justice. Ce qui est clair, c'est que la CFDT a tissé sa toile

et a la main mise sur l'entreprise. Pour pouvoir être embauché, il fallait avoir l'aval

de la CFDT, puis pour avoir les promotions, faire des remplacements.

J'ai déjà employé à ce sujet le terme de secte mafieuse ». •

 

Source : Canaille rouge, utopiste debout !

Nos excuses à nos lecteurs pour un problème de mise en page

URL ICI

Tag(s) : #actualités
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :