WikiLeaks : une tempête de papier pour demain
par Camille Gévaudan
Depuis le coup d’éclat des internautes connus sous le nom d’Anonymous, qui s’en sont pris la semaine dernière aux sites Internet des « ennemis » de WikiLeaks, le
mouvement de riposte et de soutien à Julian Assange commence à diversifier ses actions. Attention, précise un des multiples comptes Twitter s’exprimant au nom des « Anons » : « nous n’abandonnons
aucune stratégie, nous en ajoutons simplement une nouvelle ».
Pas question, donc, de laisser tranquilles les sociétés qui n’ont pas encore savouré leur petite attaque DDoS : après Visa et Mastercard (qui ont bloqué les dons à
WikiLeaks), PostFinance (qui a fermé le compte bancaire d’Assange), Moneybookers (qui a cessé d’assurer les transactions vers WikiLeaks il y a quelques mois) et PayPal (dont le blog et
l’interface de paiement ont été rendus indisponibles), il se chuchote toujours qu’Amazon est le prochain sur la liste. Le site de commerce électronique est actuellement très critiqué par les
défenseurs de WikiLeaks, qui l’accusent d’en tirer un profit financier en vendant un e-book contenant l’analyse des 5000 premiers câbles diplomatiques publiés, après avoir banni WikiLeaks de ses
serveurs.
« Les opérations des Anonymous sont l’équivalent sur Internet d’une manifestation géante », explique Richard Stallman — président de la Free Software Foundation et
célèbre militant pour le logiciel libre — dans une tribune publiée par le Guardian. Et justement, aux côtés des adeptes d’attaques informatiques, d’autres militants ont lancé l’opération
Paperstorm (soit « tempête de papier », littéralement) pour agir dans la « vraie vie » et frapper plus précisément là où ça « leur » fait mal — « dans leur monde », dit une des affichettes
dessinées pour l’occasion. Alors qu’une enquête du Guardian suggère que les Anonymous sont plus organisés qu’ils ne le laissent penser, et obéissent à « une cabale secrète d’une douzaine de
hackers experts », l’opération Paperstorm est soigneusement planifiée et médiatisée. Un blog a été créé pour couvrir la « communication des AnonOps » ; des graphistes ont prêté leur plume pour
concevoir des posters et des flyers de propagande ; une vidéo a été postée sur YouTube pour expliquer et illustrer les consignes à tous les intéressés :demain soir, le 18 décembre, « redécorer
les villes » en affichant et diffusant discrètement des télégrammes du Cablegate ou des messages de soutien à WikiLeaks.
Le mouvement de soutien a également fait des émules en Allemagne, où cinq journaux ont publié hier un appel commun à cesser la « persécution » des gouvernements et
des sociétés contre WikiLeaks. Ont signé le Frankfurter Rundschau, le Berliner Zeitung, l’hebdomadaire Der Freitag, le Tagesspiegel et le Tageszeitung de Berlin, soutenus par l’organisation
européenne pour les droits de l’Homme ECCHR et le magazine culturel Perlentaucher.
Source : Libération.fr