Sorti en 2007, A chaque frère, était l’album du décollage après quelques vols d’essai concluants (un premier street CD, Eternel recommencement, en 2005 avec les morceaux « Apologie de la rue » ou « Anti-Vénus », le titre « Scénario », produit par Tefa & Masta, sur la compilation Hostile 2006 et des concerts en première partie de Redman & Method Man ou de Busta Rhymes…). Ce premier disque lui a permis de planer au-dessus de la mêlée du rap français mais il ne marquait que le début du périple musical et humain du rappeur né à Kinshasa.
Sur les chemins du retour ne signifie pas que Youssoupha pose définitivement ses valises : le voyage continue pour l’artiste qui entend bien ne jamais le terminer. Il sait désormais que si à chaque étape, il obtient des réponses à ses interrogations d’homme, il soulève de nouvelles questions. Ce qu’il y gagne ? De l’expérience, de la découverte, des rencontres, de la musique.
Même s’il est un expert et un passionné de la rime française, Youssoupha est devenu le globe-rappeur.

L’introduction de son nouvel album ne laisse pas planer le doute : lorsque certains s’appauvrissent dans les boutiques détaxées des aéroports, Youss lui s’enrichit de souvenirs et de cultures dans la zone d’échange.
Des voyages en Palestine ou à New-York, des concerts en Afrique, un trip Nord-Sud en 4×4 qui l’a emmené jusqu’à Dakar… Autant d’expériences qui ont donné de la perspective à Youssoupha sur l’homme qu’il devenait et l’artiste qui s’accomplissait.
Du recul mais également des questionnements : Est-il Européen ou Africain ? Et qu’y a-t-il vraiment entre lui et ce hip hop avec lequel les disputes existentielles se sont multipliées ces derniers temps ?

Youssoupha est revenu aux valeurs qui lui ont fait aimer le rap. Il a retrouvé les bases et sa verve. Les beats sont riches, solides et carrés, les rimes souples et empreintes d’une humanité rare dans le rap français. Farouche opposant aux textes démagogiques glorifiant le ghetto, il ne se noie pas non plus dans un rap sombre où une technique virtuose viendrait masquer le manque de fond.
Sa maîtrise, Youssoupha l’utilise pour se rendre plus clair, plus précis et plus touchant tout au long d’un album qui l’impose comme l’un des tous meilleurs rimeurs du pays auprès de ceux qui n’auraient pas goûté ses exploits précédents.
Du rap direct donc, et des directs rap. Youssoupha n’a pas la punchline systématique, il l’a efficace. Et le prouve notamment sur « l’Effet papillon », premier single officiel de son nouveau projet :
« Tu fais du rap mais tu fuck les States, pathétique /
Où t’as vu un reggae man d’ici qui nique la Jamaïque ? »
Youssoupha rate rarement sa cible : même ses ennemis auto-proclamés le reconnaissent, à l’image de certains chroniqueurs télévisuels surexposés qui se sont fait écho de l’efficacité des lignes de « A Force de le dire », un titre de l’album sur lequel Youss’ dévoile clairement ses intentions :
« Et le savoir sera mon arme c’est décidé /
puisque les hommes qui ont les balles combattent souvent les hommes qui ont les idées. »

Limiter Youssoupha à un auteur ou un poète inspiré et humain serait pourtant une méprise. Fils de Tabu Ley Rochereau, alias « Seigneur Ley », l’un des parrains de la rumba congolaise et figure de la musique africaine, Youss’ est un MC, un rappeur dans toute sa noblesse, un conteur passionné qui sait à quelles compagnes musicales marier ses vers.
Il le montre très largement sur ce nouvel album, plus ambitieux sur le plan sonore que son prédécesseur. Très inspiré par les structures classiques des sons New-Yorkais (avec également ici ou là quelques clins d’oeil aux attaques de cordes et de piano du Californien Dr Dre), ce disque a été pensé comme les « pièces » les plus glorieuses des années 90 : comme un album, un tout et non à l’emporte-pièces comme c’est devenu la norme des années (à savoir deux ou trois tubes enrobés d’une dizaine de titres conçus et empilés à la va-vite). 
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Tag(s) : #musiques
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