Nous publions de nouveau notre article sur le superbe roman d'Edward Abbey "Le gang de la clef à molette" écrit en 2010 car il est ressorti depuis avril 2013 dans une nouvelle traduction de Jacques Mailhos. Mais ce n'est pas la seule raison, le grand intérêt de cette nouvelle publication est son illustration par une légende de la contre-culture américaine, Robert Crumb. Une belle rencontre entre deux très grands noms de la littérature subversive américaine. Hélas la belle préface de Robert Redford a disparu.

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Si Edward Abbey (1927-1989) est encore assez peu connu en France, il est une légende aux États-Unis, une légende de l'Ouest américain. Il fut très tôt un des vecteurs de la prise de conscience écologiste, à une époque, déjà lointaine, où il n'était pas encore question pour le capitalisme de se repeindre en vert !

Essayiste, romancier et écologiste radical, c'est à peu près tout ce que l'on sait d'Abbey. Son esprit est donc à chercher dans la vingtaine de livres qu'il offrit à des millions de lecteurs américains. Malgré sa notoriété, surtout depuis la parution de ce fameux roman "Le gang de la clef à molette" au milieu des seventies, personne ne va se recueillir sur sa tombe, car personne ne sait où elle se situe. A sa mort il demanda à être enterré dans le désert, et les déserts sont nombreux dans son vaste pays...

Mais pour les amoureux de la bonne littérature et pour les adeptes de l'écologie mieux vaut lire ses livres plutôt que de chercher sa tombe, et si vous n'avez lu aucun de ses romans, il faut bien entendu débuter par "Le gang de la clef à molette". Certes le pavé est d'importance, plus de 500 pages, mais quand vous vous plongez dans le bouquin, impossible de s'en extraire.

Dialogues nombreux et réalistes, action qui avance vite et fine analyse des caractères, sans oublier la clarté du "message" : la lutte contre les dévastations de la nature par les grandes firmes industrielles, nommées ici "La machine".

Ce délicieux "road-story" nous permet de suivre les aventures musclées de quatre insoumis, un vétéran du Vietnam qui aime la bière et les armes, un chirurgien et sa belle maîtresse ainsi qu'un mormon polygame.

Nombre des écrivains américains que nous aimons, aiment la nature, de Thoreau à Jim Harrison à Annie Dillard en passant par les fameux écrivains du Montana. Abbey est dans ce clan.

Abbey en bon anarchiste n'aime pas l'autorité politique, surtout quand elle est soumise aux lois de la finance et de l'industrie et qu'elle saccage la nature. Contre les méfaits des autoroutes et des centrales électriques qui détruisent les paysages, il propose l'éco-activisme, même si le combat semble sans espoir face à la répression et à la traque des autorités.

Parfois on ne peut le suivre, notamment sur ses commentaires sur les indiens, même s'il s'agit pour lui de condamner les collectivités humaines enfermées dans leurs cultures. Edward Abbey aimait les solitaires, les esprits indépendants, les poètes, avec une belle dose de misanthropie que l'on peut comprendre.

 

"S'il y a quelqu'un toujours ici présent et que je n'aie pas encore insulté, je lui présente mes excuses."

Enfin dans ce long périple mouvementé où parle la dynamite, difficile de ne pas songer à Ned Ludd "...un fou qui, vers 1779, pris d'un accès de rage, mit en pièces deux métiers à tisser appartenant  à un marchand de coton du Leicestershire." (Oxford universal dictionary).

Déjà classique aux USA, ce roman qui, en plus, ne manque pas d'humour, va le devenir ici, cela ne fait aucun doute, alors cet été si vous ne devez lire qu'un seul roman, n'hésitez pas, et ensuite il n'est pas interdit de l'offrir à vos amis...

 

dan29000 


LE GANG DE LA CLEF A MOLETTE

EDWARD ABBEY

Illustré par CRUMB

GALLMEISTER EDITIONS

2013 / 552 p / 25 euros


 

 

Tag(s) : #lectures
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