La violente invasion de la bande de Gaza par l'armée israélienne fin 2008, nommée "Plomb durci" demeure dans les mémoires. Elle causa alors la mort de 1380 Palestiniens, dont 431 enfants. Sans parler des 5380 blessés.

 

Ce petit livre intitulé "Les monologues de Gaza", petit par le nombre de pages, mais grand par la puissance des voix entendues, est l'œuvre du Théâtre Ashtar, ONG à but non lucratif créée en 1991 à Jérusalem par deux comédiens palestiniens, Edward Muallem et Iman Aoun. Maintenant installé à Ramallah, la structure offre des formations théâtrales aux jeunes, participant ainsi à cette idée qui fut fondatrice de notre site web, créer c'est résister, résister c'est créer. Le changement en Palestine ne peut toujours être, demain. D'autant plus que demain est souvent décevant. Il s'agit alors de faire entendre des voix, des mots, des phrases, aujourd'hui.

Ici ce sont des voix de jeunes Gazaouis, ceux qui vécurent les violences, la destruction et l'injustice. Car violence il y avait avant "Plomb durci", et après... Alors un atelier d'écriture permet, en partie, de se retrouver, de se reconstruire, de dire, et de nommer le processus de déshumanisation infligé par l'armée israélienne. Mettre des mots sur l'oppression, sur la frustration, sur la colère, afin de faire de tout cela un processus d'émancipation future qui sera un ferment actif pour la Palestine de demain.

Ce livre contient donc trente trois expériences qui furent ensuite présentées dans le monde entier par le théâtre Ashtar par plus de 1700 jeunes adultes, dans 14 langues différentes. Mis en scène depuis 2010 par Ali Abu Yasin, Les monologues de Gaza continuent à faire entendre ces voix de la résistance. Elles sont un geste de refus de la destruction d'un peuple, et en même temps un geste d'espoir, un geste de construction pour le futur, car il y aura un futur pour la Palestine malgré tous les plombs durcis du monde.

Le pouvoir de la création, le pouvoir du peuple en résistance est toujours plus fort que le pouvoir de la destruction. Là où la politique échoue un peu partout, le pouvoir de la création, via le théâtre, le cinéma, la littérature ou la poésie, attise la flamme de la vie.

Lire ce livre est donc indispensable pour que ces voix vivent au-delà du temps et des frontières, et en un sens perpétuent les résistances créatives d'un Mahmoud Darwich ou d'un Ghassan Kanafani.

 

Dan 29000

 

Les monologues de Gaza

La jeunesse de Gaza raconte ses histoires de guerre et de siège

Théâtre Ashtar

Traduit de l'arabe par Marianne Weiss

Éditions L'espace d'un instant

2013 / 96 p / 15 euros

 

 

 

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