Dans la collection "La forêt", dirigée par Brigitte Giraud, où nous avions particulièrement aimé "Frank" d'Anne Savelli, vient de paraître le premier roman de Karin Serres "Monde sans oiseaux".

 

Déjà ce titre, intriguant et un peu triste, nous interpelle. Une certaine étrangeté s'en dégage, à l'image de ce court roman qui ne peut que laisser de profondes traces après sa lecture. Déjà célèbre dans le monde du théâtre et de la littérature jeunesse, Karin Serres nous offre ici un conte philosophique en forme de portrait de femme. Ou un beau portrait de femme en forme de conte écologique.

 

Une femme nommée "Petite boîte d'os"... Nom étrange donné par le père.

Fille de pasteur, née au bord d'un lac nordique.

C'est toute sa vie qui va se dérouler au fil des pages, depuis son adolescence avec son amie Blanche, à la découverte de l'amour avec Joseph, le vieux Joseph, qui serait cannibale, de retour après le "Déluge".

Car dans le monde de "Petite boite d'os", les eaux du lac montent, les maisons sont devenues mobiles, les cochons transgéniques sont fluorescents et le lac est transformé en cimetière, sans oublier les lapins mutants.

 

Et surtout les oiseaux ont disparu du monde des hommes qui maltraitèrent trop longtemps la Nature. Réflexion sur le temps qui passe, et sur ses ravages, dans des tonalités à la Kafka... Nostalgie d'un autre monde, envoutement des scènes étranges dignes d'un éternel retour.

 

Et comment ils faisaient les oiseaux pour voler dans le ciel, et que mangeaient-ils, se demande Petite Boîte tout en écrivant des poèmes au bord de ce lac dont les eaux ne cessent de monter...

 

La dystopie proposée par Karin Serres accroche rapidement le lecteur.

 

Poésie aux connotations fantastiques, roman d'amour décalé, fable écologique, un premier roman totalement réussi qui devrait parler à de nombreux lecteurs. Une première belle surprise de cette nouvelle rentrée littéraire.

 

Dan29000

 

Monde sans oiseaux

Karin Serres

Collection La forêt

Éditions Stock

2013 / 112 p /12,50 euros

 

EXTRAIT

 

Il paraît qu’autrefois certains animaux traversaient le ciel grâce à leurs ailes, de fins bras couverts de plumes qui battaient comme des éventails. Ils glissaient dans l’air, à plat ventre, sans tomber, et leurs cris étaient très variés. Ils étaient ovipares, comme les poissons ou les lézards, et les humains mangeaient leurs œufs. On les appelait les « oiseaux ». Petite, j’ai demandé à ma mère de me raconter, mais elle a changé de sujet.Cette histoire d’« oiseaux » est-elle vraie ?

 

 

 

Tag(s) : #lectures
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