pole-emploi.fr : Quand la recherche d’emploi devient un enfer numérique

 


de : CGT chômeurs rebelles du Morbihan


dimanche 30 juin 2013

 

pole-emploi.fr est le site qui diffuse des offres d’emploi le plus consulté en France. C’est assez logique, car c’est celui qui diffuse le plus d’offres. Qu’en est-il du nouveau site institutionnel pole-emploi.fr ? Quels sont les avantages de ce site ? Quels sont ses inconvénients, voire ses pièges ? Voici notre dossier spécial "le nouveau site pole-emploi.fr".

(source : CGT chômeurs rebelles du Morbihan)

 

1- Pourquoi un nouveau site ?

 

Dans le cadre de sa nouvelle politique de flicage des chômeurs, "Pôle emploi 2015", l’institution a officiellement enterré le "suivi mensuel personnalisé" qu’elle a imposé à tous les chômeurs pendant 6 ans. On ne regrettera bien évidemment pas la fin de ce flicage mensuel, systématique, qui n’apportait rien aux chômeurs, car obligatoire et donc inutile.

Mais "Pôle emploi 2015", s’il est moins intensif, n’en est pas moins vicelard. "Pôle emploi 2015", met en place deux types de flicage :

Le fllicage intensif - identique au suivi mensuel personnalisé - pour les personnes "peu autonomes" dans leur recherche d’emploi. Lire à sujet nos conseils de base quand on est inscrit au Pôle emploi. Et le flicage "numérique" : Un premier rendez-vous lors de l’inscription, puis un deuxième au 4ème mois d’inscription, puis 9ème mois de chômage. A première vue, ça laisse déjà plus de marge pour respirer...

C’est là qu’intervient le suivi NUMERIQUE, et son arme de flicage massif, pole-emploi.fr. Le site internet bien connu ne va plus seulement être utile aux chômeurs pour CONSULTER et POSTULER sur les offres à distance, mais surtout pour FLIQUER les chômeurs. Explications : Les chômeurs seront, avec l’abandon du suivi mensuel, moins souvent convoqués. Mais, d’après l’institution, il est bon de garder un oeil sur eux, et sur leur recherche d’emploi, car bien entendu d’après l’institution les chômeurs sont majoritairement des feignants qui ont tendance à toucher leurs allocations sans réellement chercher du boulot. A distance donc, un conseiller dans une plate-forme de traitement sera chargé de vérifier si vous avez bien créé votre profil, si votre profil est à jour, si vous vous êtes abonné aux offres, si votre recherche est bien adaptée au marché du travail (gare à ceux qui rechercheraient un emploi décent à salaire décent). Les employeurs qui ont déposé une offre en ligne vont pouvoir consulter votre profil et vous envoyer des propositions. A nouveau, gare à vous si vous avez le toupet de décliner l’offre, par exemple si vous savez que l’employeur est un des pires du secteur, ou si les horaires ne vous conviennent pas.

Les employeurs, eux, n’auront plus d’interlocuteur privilégié lors de l’aide au recrutement. Ce sera l’équipe de l’agence qui s’occupera de lui. On sait bien que quand c’est "tout le monde" qui s’occupe de quelquechose, c’est "personne"... Bon courage aux employeurs qui auront une personne différente à chaque fois qu’ils appelleront Pôle emploi pour le suivi de l’offre...

Concernant les "télécandidatures", le traitement de l’offre est simplifié pour le conseiller : Il compare une grille de compétences avec celles que vous avez rentré, avant éventuellement de vous mettre en relation avec l’employeur. Tant pis pour ceux qui ont des compétences "transférables" (identiques), mais qui ne rentreraient pas dans les cases.

L’objectif du développement de "l’offre de services à distance" de Pôle emploi est donc bien d’automatiser les recrutements et de fliquer les utilisateurs. Bien entendu, l’inconvénient est que le processus de recrutement ne va pas y gagner en qualité ou en humanité... D’après la direction de Pôle emploi, ce serait vraiment dommage qu’un conseiller Pôle emploi, en chair et en os, traite de façon humaine et professionnelle le recrutement, en relation privilégiée avec l’employeur et les candidats. Par exemple en expliquant les règles et le processus de recrutement aux employeurs, en répondant à chaque candidat qui postule, et en jouant un vrai rôle de valorisation de profils "qui ne rentrent pas dans les cases". L’objectif principal à nouveau n’est pas de rendre un service de qualité, et d’assurer dans le respect des règles un recrutement sans discrimination, et légal, mais bien de fliquer les chômeurs, toujours et encore.

Enfin, le nouveau pole-emploi.fr va diffuser des offres d’emploi d’autres sites - privés - d’offres en ligne. Il s’agit donc bien pour Pôle emploi d’abandonner le contrôle de la validité, et de la légalité des offres d’emploi. Déjà que Pôle emploi diffuse au moins 15 % d’offres d’emploi illégales... Ce chiffre va exploser avec la diffusion d’offres des boîtes privées, comme les boîtes interims, spécialisées dans la discrimination et les offres d’emploi illégales. Une autre idée est derrière cette diffusion des offres "privées" sur le site officiel pole-emploi.fr : Le traitement à terme de toutes les offres par des boîtes privées...

D’après Pôle emploi, après tout, un chômeur, ça doit chercher du boulot, non ? Peu importe que les offres soient valides et légales ! On est à fond dans la logique "si vous cherchez du boulot, vous devez accepter n’importe quel boulot"...

2- Alors, comment trouver ce qu’on cherche sur pole-emploi.fr ?

BON COURAGE à ceux qui connaissaient l’ancien site, déjà pas terrible. Avec le nouveau site, on décroche le pompon :

Le site ne donne plus que 50 réponses par recherches (au lieu de 150 auparavant). Il n’est plus possible de réaliser une recherche en indiquant son domicile et le nombre de km de mobilité professionnelle. On est désormais obligés de rechercher PAR DÉPARTEMENT, au minimum.

Le système continue de nous mentir, en indiquant "50 offres répondent exactement à votre recherche".

Pourquoi un mensonge ? Parce que le système "oublie" de nous dire qu’il est BRIDÉ à 50 offres. Il peut donc y avoir 124, ou encore 4523 réponses à votre requête. Il ne vous en sortira que 50... Sans vous dire le nombre exact d’occurences qui correspondent réellement. Bonjour la précision ! Vive l’informatique !

L’astuce consiste donc à faire une recherche en limitant les critères, par exemple en ne sélectionnant que les offres les plus récentes, afin que le résultat indique un résultat INFÉRIEUR À 50...

Les offres "proches de vos critères" sont proches... De loin, bien sûr.

Une autre "innovation" qui ne simplifie pas la recherche : La disparition de la définition précise du métier recherché peut aussi induire en erreur.

Sur l’ancien site pole-emploi.fr, la recherche par métier vous renvoyait sur une liste de métiers dans laquelle vous deviez choisir le métier précis. Ce qu’on appelle le code ROME. Ceux qui feront une recherche sans, au préalable, indiquer le CODE ROME, vont arriver sur une liste d’offres bien éloignées de leur métier. Tapez "informaticien" par exemple. Vous aurez les offres de développeur web, de formateur, d’analyste d’application, de technicien de maintenance. Bref, à boire et à manger.

La ruse consiste à D’ABORD connaître la nomenclature ROME avant de lancer sa recherche et de définir la pertinence du moteur de recherche : Recherche par code métier ou par domaine professionnel. Cette nomenclature ROME étant introuvable sur le site pole-emploi.fr, la CGT chômeur rebelles du Morbihan vous l’offre (huit fichiers bmp, cliquer dessus pour l’ouvrir et l’enregister).

Ruse : En ce qui concerne les offres d’emploi illégales : "CDD renouvelable", "CDD débouchant sur CDI", "mi-temps évolutif", "longue mission", "20 heures débouchant sur 30 heures", surtout gardez bien une trace papier de ces offres, elles sont opposables juridiquement.

3- Les exclus du numérique

Nous continuons à exiger que les offres "papier" (listing d’offres) refassent leur apparition pour les personnes qui ne sont pas à l’aise avec l’informatique, et qui aimeraient bien avoir accès au même niveau d’information que les autres (les offres du bassin d’emploi, tout simplement). Tout le monde n’habite pas une grosse agglomération...

4- Les pièges de pole-emploi.fr

Tout le vice est là : D’un côté, pole-emploi.fr s’impose comme le site INCONTOURNABLE pour trouver du boulot, d’un autre, le flicage est intégré dans l’utilisation du site : Les agents Pôle emploi ont la consigne de pousser un maximum de personnes à s’inscrire sur le site, à diffuser leur profil, et à s’abonner aux offres.

Tout ça, ça implique pour les chômeurs inscrits de :
 Se connecter au moins une fois par mois pour ré-activer son profil afin qu’il reste en "tête de liste" de la consultation des patrons, comme sur "leboncoin.fr"
 Un contrôle par Pôle emploi de vos moindres faits et gestes. Les flics de l’emploi n’hésiteront pas à vous reprocher de n’être pas assez réactif si votre CV n’est pas à jour, si vous n’avez pas répondu assez vite à une offre, si vous avez refusé une offre, ou si vos critères de recherches sont trop étroits (CDI temps plein à 30 km de chez vous par exemple)
 Au bout de quelques mois, la pression du conseiller sera forte pour que vous élargissiez votre recherche à des postes de plus en plus éloignés de votre domicile, et de vos compétences. Sans parler du salaire... La pression sera d’autant plus forte que des conseillers situés dans des "plateformes de contrôle numérique" auront spécifiquement cette tâche de flicage numérique.
 Ça prend beaucoup de temps de consulter les offres, de mettre à jour son CV, et de consulter toutes ses boîtes mail. Le fait d’être connecté en permanence peut être anxiogène. C’est aussi une immixtion permanente dans la vie privée. Plus de répit pour ceux qui voudraient respirer de temps en temps. Pôle emploi attend de vous que vous soyez un bon petit soldat numérique, qui répond présent dès qu’une offre vous est proposée.
 Ce n’est pas parce qu’on consulte les offres tous les jours qu’il y aura plus d’offres intéressantes.
 Les offres n’étant plus contrôlées par Pôle emploi, vous allez répondre à de plus en plus d’offres déjà pourvues, discriminantes ou illégales.

Le piège principal du numérique est d’enfermer l’utilisateur dans une "technique" froide, éloignée de la réalité, chronophage, contraignante, et inefficace. Loin de tout traitement digne et humain auquel ont droit les salariés privés d’emploi qui candidatent.

5- Nos revendications

M. SAPIN, ministre du travail, a déclaré lors d’un séminaire des cadres de Pôle emploi le 2 juillet 2012 : "J’ai toujours été profondément choqué par les discours d’amalgame et de démagogie présentant les chômeurs comme des assistés et des profiteurs". Alors, M. SAPIN, mettez en conformité vos belles idées et la réalité du Pôle emploi :

ARRÊTEZ LE FLICAGE DES CHÔMEURS

 

NOUS VOULONS ÊTRE AIDÉS DANS NOTRE RECHERCHE D’EMPLOI,

 

PAS CONTRÔLÉS, SUSPECTÉS, FLIQUÉS.

Très peu de chômeurs fraudent. En tous cas, beaucoup moins que les patrons, dont les fraudes, elles, coûtent très cher à la société : Fraudes fiscales, fraudes aux cotisations sociales, à la TVA, aux accidents du travail non déclarés, aux heures sup’ non déclarées, aux travailleurs payés au noir...

Pour ce qui est des offres d’emploi, nous demandons le retour de l’affichage des offres dans les agences, afin d’assurer la transparence et l’accès de tous les chômeurs à toutes les offres, même ceux qui sont allergiques à l’informatique. Nous demandons que Pôle emploi soit l’unique institution publique à gérer les offres d’emploi, et qu’il en contrôle la légalité et qu’il assure un processus de recrutement transparent et humain. En répondant à toutes les candidatures, par exemple.

 

Le site pole-emploi.fr doit être entièrement refondu, afin d’assurer un service public de qualité. POUR les chômeurs. Pas CONTRE les chômeurs.

 

 

SOURCE/ BC

Tag(s) : #écrans
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :