San Salvador.

Un nom de pays qui nous évoque une guerre civile de 12 ans entre l'extrême droite (ARENA) et la guérilla marxiste du FMLN jusqu'en 1992. En 2004, ce petit pays de 7 millions d'habitants qui est toujours ravagé par une extrême pauvreté, une corruption endémique et la présence envahissante des américains, est l'endroit où Jude McManus, agent de sécurité, est affecté à la protection d'un ingénieur travaillant pour une multinationale nord-américaine. Un homme toujours hanté par la mort violente de son père dix ans auparavant. Un père flic à Chicago, qui venait d'être accusé de vols et extorsions en réunion, avec deux de ses collègues, Phil Stroke et Bill Malvasio. Ce dernier étant justement au Salvador, afin d'échapper à la justice de son pays, magouillant entre politique et business trouble.

Cette nouvelle rencontre, dix ans après, va faire remonter un passé qui ne passe pas vraiment pour Jude. Quand les deux hommes vont se rencontrer, un engrenage s'installe, une manipulation en forme d'affaire d'État.

Certes nous sommes dans un thriller classique. Mais là où ce premier roman de David Corbett traduit en français, sort largement du lot, c'est par la mise en avant de la psychologie des principaux personnages. L'auteur prend le temps d'explorer le passé douloureux de Jude, nous permettant de saisir ses réactions, ses doutes, ses angoisses face à ce métier si particulier où il doit protéger un homme, dans un des deux ou trois pays les plus violents du monde. Un pays où l'on peut faire disparaître à jamais, une paysanne qui se plaignait de l'assèchement de son puits, alors qu'une usine d'embouteillage sévissait non loin de là !

Jude va devoir faire face à une violence endémique, mais aussi résister à ses propres démons, ce qui est parfois plus difficile.

Publié en 2007 aux États-Unis, Blood of paradise a reçu un accueil exceptionnel et fut élu meilleur thriller de l'année par le prestigieux Washington Post et remarqué par Michael Connelly ! Certains évoquèrent même Graham Greene. Non sans raison d'ailleurs, tant l'écriture précise de Corbett permet au lecteur envouté de s'immerger dans les affres de l'enfer salvadorien.

David Corbett fut durant plus de quinze ans détective privé dans une grande agence de San Francisco, puis avocat, se consacrant à la défense des cas sociaux. D'ailleurs l'on sent toujours un point de vue dans son roman. D'autant plus qu'il est dédié à la mémoire de José Gilberto Soto, syndicaliste américain assassiné au Salvador en novembre 2004. Un meurtre, faut-il le préciser, toujours non élucidé.

Un très grand roman qui ne devrait pas passer inaperçu au milieu de la déferlante littéraire de cette rentrée. Un très grand roman qui va ravir les amateurs de thriller, mais qui ne peut que trouver un public bien au-delà.

 

Dan29000

 

Une certaine vérité

David Corbett

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Szczeciner

Éditions Sonatine

2013/ 555 p /22 euros

 

 

Tag(s) : #lectures
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