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  Si ce roman était un objet, cela serait un cocktail molotov. Un cocktail molotov volant dans une rue de Brooklyn, dans les seventies. Ce roman noir, très noir, est l'unique roman de Phillip Baker, gangster jamaïcain de Brooklyn. Il fut écrit dans une prison britannique. C'est à peu près tout ce que l'on sait de ce mystérieux auteur, dont certains le pensent mort...

 

   Peu importe, Rasta gang, est un brûlot qui restitue parfaitement la vie violente dans ce quartier durant les années soixante-dix. C'est l'histoire d'un adolescent, Danny Palmer, tout juste débarqué de Jamaïque. Pas facile d'avoir quatorze ans à ce moment-là à New York où, sur fond de guerre du Vietnam, les gangs de diverses ethnies s'affrontent en un tournoi sanglant et sans fin. Racisme et violence endémique, donnant un surcroît de misère dans des ghettos déjà en place. La lutte pour le contrôle du trafic de drogue fait rage, sans pitié.

 

   La force de ce roman, entre parcours initiatique et roman noir à la Edward Bunker, vient sans nul doute, de son extrême réalisme. D'abord la précision, les détails qui nous permettent de vivre avec Danny. Ensuite le choix de narration à la première personne du singulier. Le gentil ado ayant quitté sa mère et l'école, il s'agit pour lui de survivre dans les rues face aux gangsters de tous poils. Il va alors choisir de se fondre dans l'un d'eux, les Rastafariens, car demeurer seul serait mourir rapidement.

 

   Dès le premier paragraphe de la première page, le lecteur est happé par le rythme plus que soutenu :

 

"Les sirènes glapissent et braillent, hurlent comme si la Troisième guerre mondiale venait de se déclencher. Nous sommes habitués à cette plainte incessante. Mais aujourd'hui, le cri des loups du gouvernement se teinte d'une urgence supplémentaire."

 

   C'est parti pour un long sprint infernal de plus de 500 pages haletantes qui n'offre aucun répit au lecteur souvent subjugué. Le grand nombre de dialogues acérés favorisant sans doute ce rythme, allié à un fort réalisme pour donner un grand roman, initialement paru en 1994 chez Fleuve noir, et en 2009 chez Moisson rouge qui vient de l'éditer en format poche, et on peut être certain qu'une nouvelle carrière va s'offrir à ce roman puissant.

 

 

Dan29000

 

Rasta gang

Phillip Baker

traduit de l'américain (Jamaïque) par Thierry Marignac

Editions Moisson Rouge

2012 / 556 p / 8 euros

 

 

Voir le site de Moisson Rouge

 

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