Nous le savons l'Éducation nationale ne se porte pas trop bien. Des réformes succèdent aux réformes précédentes depuis bien des années. Sous la gauche comme sous la droite. Certains ont voulu dégraisser le mammouth, d'autres le réformer. Entre suppressions de classes ou classes surchargées, entre programmes trop lourds ou mal adaptés, de très nombreux enfants arrivent au Collège en maitrîsant mal, voire très mal, lecture et écriture.

Pas brillant.

Heureusement, comme partout, il existe des alternatives, encore mal connues. D'où le grand intérêt de ce livre de Peter Gumbel, déjà auteur en 2013 d'Elite Academy, enquête sur la France malade de ses grandes écoles, chez Denoël. L'ancien grand reporter pour Time Magazine qui vit en France, s'attaque aujourd'hui aux écoles. Durant plusieurs mois il a enquêté en dehors des sentiers battus permettant de faire le point sur les méthodes alternatives, une vraie rencontre avec les dissidents de l'éducation. Un sujet passionnant que nous avions commencé à aborder il y a deux ans avec un ouvrage sur le Lycée autogéré de Paris, expérience positive s'il en est.

 

En une dizaine de chapitres stimulants, Peter Gumbel nous permet de rencontrer de nombreuses personnes engagées dans ces alternatives éducatives dont les noms sont déjà un peu célèbres, Montessori, Freinet, Decroly, Steiner... Si souvent ces écoles sont dans le privé, il y a aussi des expériences enrichissantes dans le public. Même si, et c'est là un des problèmes, l'État se montre frileux quand il n'est pas dans l'obstructionnisme comme s'en plaignent certaines écoles. L'administration centrale a l'obligation de contrôler toutes les écoles et se retrouve donc juge et partie et les administrations n'ont pas souvent le goût de l'innovation.

 

Nous n'allons pas détailler tout le livre. Il commence avec Céline Alvarez, déjà un peu connue, enseignante formée à l'Institut supérieur Maria Montessori de Nogent-sur-Marne. Elle devint responsable d'une classe maternelle à Gennevilliers, dans une ZEP classée en "Plan violence". Les résultats sont alors surprenants, pour cette enseignante brillante et intransigeante. Plusieurs évaluations très favorables furent menées et sa bataille dura trois ans. Résultat, c'est le ministère de l'éducation qui a mis fin à ce succès ! Après sa démission, Céline Alvarez a créé une association et recueilli des fonds pour monter une plate-forme en ligne afin de populariser les idées de Maria Montessori (1870-1952) qui se situait à l'époque dans le cadre de l'éducation populaire : non pas transmettre des savoirs à l'enfant, mais accompagner son développement naturel dans un environnement adapté à ses besoins. Partant de cet exemple parlant, l'auteur propose en quelques pages claires, l'explication des méthodes de Montessori qui débuta dans un quartier difficile de Rome en 1907.

Vont suivre la pédagogie Freinet, l'instruction en famille, la méthode Decroly, l'incubateur d'écoles libres, les écoles Steiner-Waldorf, sans oublier les écoles pour dyslexiques ou décrocheurs.

Un livre essentiel pour les enseignants, pour les parents où l'auteur nous fait voyager de Gennevilliers à Nîmes, de Saint-Cloud à La Courneuve, un an de travail qui débouche sur un constat plutôt optimiste malgré les lourdeurs endémiques des bureaucraties.

 

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Ces écoles pas comme les autres

A la rencontre des dissidents de l'éducation

Peter Gumbel

La Librairie Vuibert

2015 / 256 p / 19,90 euros

 

 

Lire un extrait

 

Le site de l'éditeur

 

Notre article sur Le lycée autogéré de Paris,une fabrique de libertés

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