
Lui, se nomme Ousmane, musulman âgé venant d'Afrique.
Elle, se nomme Elisabeth, plus jeune, catholique, let vient de Guernesey.
Lui, c'est la révélation du film, Sotigui Kouyate, acteur fétiche de Peter Brook, 73 ans, 1m89, une présence extraordinaire qui irrigue toutes les images malgré le
talent de sa partenaire Brenda Blethyn. Cet étrange duo va avoir des problèmes lors de leur première rencontre. Mais une chose fondamentale en commun, la terrible angoisse de chercher en vain
leurs enfants, peut-être morts dans l'attentat, mais il n'y a aucune certitude. L'approche va être difficile. La couleur de peau les sépare, leur culture aussi, leur religion encore plus,
l'Afrique c'est loin de Guernesey, très loin.
Les circonstances sont difficiles,voire décourageantes, et pourtant le rapprochement va se faire, lentement, ils vont se découvrir comme un humain découvre un autre
humain différent.
Un film d'actualité après cette semaine marquée par les événements de Calais où le gouvernement a mené en grand la chasse aux sans-papiers.
Ce film sort en salles la même semaine où parait le DVD de "Welcome" (voir article la semaine dernière), les deux films ont des points communs et si vous avez
apprécié "Welcome" vous allez adorer "London river" même si les problèmatiques sont différentes.
Guédiguian semble un peu moins seul dans le cinéma social français, et c'est tant mieux.
"L'esprit même de la rencontre est le socle de l'Afrique. Il y a un proverbe qui dit :"N'aie pas peur de regarder l'autre dans les yeux, tu finiras
par t'y voir toi-même." Le racisme, le terrorisme, tous les maux du monde d'aujourd'hui viennent de là : la méconnaissance";
C'était les mots de Kouyate dans une récente interview.
Il avait été engagé par Peter Brook en 1985 pour le "Mahabharata" au Festival d'Avignon.
Il avait aussi déjà rencontré Bouchareb pour un de ses films intitulé "Little Sénégal".
Alors il faut que ce film rencontre son public, d'abord parce que c'est un très bon film, sur le plan du cinéma, mais aussi parce qu'il est splendide sur le plan
humain, enfin parce qu'il est hélas d'actualité en ces temps de délation, de chasse aux migrants, et de racisme rampant ambiant comme Mustapha Kessous du Monde vient de nous le rappeler. La
solitude, la souffrance, le désespoir n'ont pas de frontière, ni de couleur.
Vraiment un beau film./
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