Lettre envoyée à mon syndicat suite aux prises de position de certains responsables départementaux sur le projet de NDDL
Hasta la victoria siempre.
Laurent
Militant Cégétiste et engagé dans le combat contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, je suis en désaccord avec les prises de positions exprimées par
différents responsables départementaux de la CGT sur ce dossier. Y a-t-il eu un débat au sein de l’UD sur ce projet qui permet à certains seulement de s’exprimer ? Dans le numéro de janvier
2012 de l’Union des Travailleurs Anthony Lemaire, après avoir pris quelques pincettes : « Il n’est nullement question pour nous de discuter de l’opportunité de ce projet », rédige un article ou
il n’est jamais envisagé que l’aéroport ne puisse jamais voir le jour. Cet article aurait pourtant pu être l’occasion d’ouvrir le débat sur un projet qui divise les organisations politiques, à
gauche en particulier mais aussi les organisations syndicales.
Le lundi 10 décembre, Yves Tual s’exprimait sur Télé-Nantes et défendait mordicus le projet de Notre-Dame-des-Landes. Parlait-il au nom de la CGT, ou en son nom
propre ? Les propos caricaturaux tenus, au cours de cette émission, n’ont pas servi à éclairer ce débat pourtant utile sur la pertinence qu’il y a ou pas à construire cet aéroport. Pourquoi
parle-t-il de squatters professionnels ? Il les connaît ces jeunes militants qui dénoncent un modèle de développement mortifère pour les prochaines générations ? Au nom de l’emploi il faudrait
donc produire tout et n’importe quoi ? Bien sûr qu’il faut des infrastructures, mais pas pour remplacer celles qui existent déjà. Quel avenir pour Airbus à Bouguenais ? Qui va payer pour la
piste indispensable à l’usine ? D’accord il faut des avions mais est-il normal d’aller en avion à Paris ou à Lyon ou faut-il mieux développer le rail pour les liaisons internes ? Quel
développement pour l’Ouest de la France si les infrastructures ne servent au final qu’au Pôle Métropolitain Nantes – Saint-Nazaire ? Qu’est-ce qu’on mange demain si on continue à artificialiser
les terres agricoles ? Après avoir été le lieu des convergences des luttes ouvrières et paysannes de la fin des années 60, ne reste-t-il plus rien en Loire-Atlantique de cette solidarité entre
ouvriers et paysans ? Qu’est-ce qui reste pour les zones sensibles, les zones humides, la biodiversité ? L’histoire ne nous a-t-elle pas appris que les premières victimes de la pollution ce
sont les travailleurs : les milliers de morts de l’amiante, les ouvriers agricoles victimes des pesticides, ceux de Seveso, Tchernobyl, Fukushima… Plus 4°C en moyenne d’augmentation de la
température avant la fin du siècle : qui va souffrir ? Les actionnaires des grands groupes ou les travailleurs ? Les pauvres ou les riches ? Faut-il limiter le débat à la seule alternative
croissance ou décroissance comme le dit Yves Tual ou a-t-on le droit de réfléchir à un autre mode de développement ? Le bonheur passe-t-il par le toujours plus ou par le mieux ?
Pour en avoir été témoin direct, je peux dire qu’en trente ans de militantisme associatif, politique ou syndical, jamais je n’avais assisté à un tel déchaînement
de violence de la part des autorités. Les médecins présents sur place ont fait écho dans la presse des violences infligées aux opposants. La CGT s’honorerait à au moins dénoncer la répression
inadmissible infligée aux opposants.
Toutes ces questions auraient pu être posées si un vrai débat avait eu lieu au sein de notre organisation syndicale. Au lieu de cela on laisse parler en notre
nom, un leader syndical, déconnecté des problématiques de demain, engoncé dans ses certitudes productivistes, méprisant pour tous ces jeunes qui réfléchissent [et] essayent d’inventer un autre
monde.
Par ce courrier, je demande à l’UD 44 d’organiser le débat sur le projet de Notre-Dame-des-Landes et une dénonciation claire et nette de la répression.
Fraternellement