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Pour mémoire rappelons dans un premier temps qui fut Marceau Pivert, même si son nom demeure encore assez connu. Instituteur, syndicaliste, il fut aussi le principal animateur du courant révolutionnaire au sein de la SFIO (le lointain ancêtre du PS) dans les années trente, avant de rompre, face à la mollesse endémique de Blum, et fonde en 1938 le Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP) qui sera dissout par Pétain en 1940. Il passe alors par la case "exil" au Mexique, milite avec Victor Serge. Par la suite il revient dans le sein de la SFIO, malgré l'ignoble position de celle-ci sur l'Algérie française. Il prendra néanmoins clairement position sur l'indépendance nécessaire de ce pays.

 

« Je n'accepte pas de capituler devant le capitalisme et les banques ».

 

L'homme était libre-penseur et très actif dans le SNI (syndicat national des instituteurs). Il laissa plusieurs ouvrages dont en 1932, "L'Église et l'école, perspectives prolétariennes" aux éditions Figuière, aujourd'hui réédité par les éditions Demopolis.

 

Précédant le texte de Pivert, l'éditeur nous propose une très intéressante introduction signée Eddy Khaldi, spécialiste de la laïcité, et auteur avec Muriel Fitoussi du célèbre essai : "Main basse sur l'école publique" paru en 2008. En une dizaine de pages fournies, il nous brosse un bref historique de l'idée de la laïcité, depuis le XIXe siècle à De Gaulle en 1959 avec la loi Debré, qu'il nomme à juste titre, premier remariage de l'Eglise et de L'Ecole, en passant par Blum. Le second remariage datant de Sarkozy. En effet le Vatican n'a jamais vraiment renoncé à investir notre Etat. Un moyen simple d'aboutir à ces fins, discréditer le public afin de promouvoir le privé.

 

Donc une introduction nécessaire, ce qui n'est pas toujours vraiment le cas de beaucoup de livres que nous lisons. En revanche, on peut facilement se passer des quatre pages de la préface de Blum.

 

Selon un schéma assez classique, Pivert divise son propos en deux parties.

 

La première est consacrée la place de l'Eglise et de la laïcité dans l'histoire des luttes sociales, depuis les "primitifs" à la crise de 1925, en passant par l'Empire romain, le régime féodal, la Révolution, la loi Falloux, la Commune de Paris.

Dans une seconde partie, il traite des doctrines : le catholicisme social, de belles pages étant consacrées à la laïcité bourgeoise de Jules Ferry, sans oublier, la laïcité ouverte de l'abbé Desgranges.

 

En conclusion, Pivert nous donne sa vision d'une laïcité d'émancipation.

 

Bien entendu, son texte s'il demeure tout à  fait d'actualité, doit être fortement contextualisé. Nous sommes en 1932 quand il l'écrit. Les dogmes du socialisme et du marxisme sont lisibles, et donc datent un peu.

On ne lui reprochera donc pas ses "limites" qu'il partage avec tous les théoriciens de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. 

Il nous semble donc particulièrement utile de lire ce livre. Même plus, de le faire lire, afin de mieux cerner la nature profonde du concept de laïcité, aujourd'hui parfois un peu malmené, voire manipulé par certains. Militants politiques ou enseignants, ce qui est plus grave. 

Donc un livre qui tombe bien après les offensives de Sarkozy contre le service public éducatif, et les offensives de ceux et celles qui veulent exclure des gamines de la vie scolaire ou de la représentation politique des partis.

En 2010, les concepts de laïcité, d'athéisme, et de tolérance doivent être redébattus, et ce livre peut participer à ces débats nécessaires afin d'en finir avec certaines intolérances, fussent-elles de gauche, au nom de la laïcité.

A noter en fin de volume, un index des noms, la résolution du congrès de Nancy de la SFIO en 1929 (nationalisation de l'enseignement), une chronologie des papes (?) et une petite biographie de Marceau Pivert (1895-1958).

Enfin pour ceux qui voudraient approfondir la vie de l'auteur, on peut conseiller le livre de Jacque Kergoat "Marceau Pivert, socialiste de gauche" aux éditions de l'atelier.

 

 

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L'église et l'école de Marceau Pivert

Introduction d'Eddy Khaldi

Préface de Léon Blum

Editions Demopolis

2010 / 204 p / 20 euros 

 

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Pour découvrir le site des éditions DEMOPOLIS, c'est ICI 

 

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